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Frémissement d’un printemps nucléaire à l’Est, dix ans après Fukushima
Après un long hiver nucléaire dans les économies développées suite à l'accident de Fukushima il y a dix ans, l’atome ne représente plus que 10 % de la production d’électricité dans le monde. Les énergies renouvelables captent le gros des investissements. Mais un printemps nucléaire pointe, péniblement, à l’est.
La catastrophe de Fukushima n’a pas fini de peser sur l’industrie nucléaire. Les décisions politiques annoncées peu après cet accident majeur de sortir ou de réduire le nucléaire prennent effet. Alors que l’atome ne représente plus que 10 % de la consommation électrique mondiale, les nouveaux projets de construction de centrales peinent à compenser les fermetures de réacteurs, pour raisons politiques ou de vétusté. Même la Chine marque le pas. Si la course climatique à la neutralité carbone entraîne un regain d’interêt pour l’atome en Europe de l’Est et au Moyen-Orient, les financements vont globalement aux énergies renouvelables. Et le parc mondial vieillit.
Plus de 30 ans de moyenne d'âge
Au 1er juillet 2020, 408 réacteurs nucléaires étaient en activité dans 31 pays, soit 9 de moins en un an, et 31 réacteurs étaient en arrêt prolongé dont 24 au Japon, selon le World nuclear industry status report (WNISR) 2021. Six réacteurs ont été mis en service en 2019, dont trois en Russie, deux en Chine et un en Corée du Sud, et quatre fin 2020 (Biélorussie, Russie, Émirats arabes unis et Chine), dont le premier Hualong 100 % chinois. Trois tranches ont fermé en 2020, dont deux en France. La capacité nucléaire mondiale a baissé de 2,2 % à 362 GW. La moyenne d’âge du parc de réacteurs est de 30,8 ans.
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Actuellement, 52 réacteurs pour un total de 54 GW de capacités nucléaires sont en construction dont 13,8 GW en Chine (15 unités); 5,6 GW aux Émirats arabes unis (4); 5,3 GW en Corée du Sud (4); 3,3 GW en Russie (3); 4,8 GW en Inde (7) et 3,4 GW au Royaume-Uni (2). Des réacteurs sont aussi en construction au Bangladesh (2), en Biélorussie (2), au Pakistan (2), en Slovaquie (2), en Turquie (2), aux États-Unis (2) et en Argentine, France, Finlande, Iran et au Japon. Les objectifs de neutralité carbone, de l’Europe notamment, motivent ou réveillent quelques projets à l’est, notamment en Pologne et en République tchèque.
Le Japon redémarre mais réduit la voilure
Pour atteindre son objectif de neutralité carbone, le Japon a décidé de porter la part du nucléaire à 20-22 % d'ici 2030, contre 27 % en 2010 et celles des renouvelables à 26 %. Cinq réacteurs ont été arrêtés. Avant mars 2011, le Japon exploitait 55 réacteurs nucléaires. L’accident a détruit quatre des six unités de la centrale Fukushima Daiichi et les deux autres réacteurs ont définitivement été sortis du réseau électrique. La poursuite de la construction de deux réacteurs a été autorisée. À la mi-2020, neuf réacteurs avaient redémarré, qui fournissent 7,5 % de l’électricité. 24 réacteurs sont en arrêt longue durée et 22 ont été fermés depuis Fuskushima, précise le WNISR 2021.
Les États-Unis prolongent, la France tergiverse
Aux États-Unis, le premier parc mondial, deux réacteurs ont été fermés en 2019 pour raison économique et 95 unités en exploitation ont déjà obtenu une licence d'exploitation pour 60 ans, prolongée pour certaines à 80 ans. Deux sont en construction et celle du SMR de Nuscale doit débuter en 2023.
Deuxième derrière les États-Unis avec 56 réacteurs en fonctionnement, la France n’a pas non plus décidé de sortir du nucléaire mais a voté en 2015, dans une loi révisée en 2019, la fermeture de la centrale de Fessenheim (Bas-Rhin), effective depuis juin 2020, et de ramener à 50 % la part de l’atome dans le mix électrique. Les réacteurs les plus vieux (900 MW) seront prolongés à 50 ans et 12 autres seront fermés d’ici à 2035. La décision de construire de nouveaux EPR, pour rester à 50 % de nucléaire, a été repoussée en 2023 et liée au démarrage de l’EPR de Flamanville.
Sortie programmée en Allemagne, Belgique et Suisse
La Belgique a voté une loi qui prévoit sa sortie du nucléaire en 2025. Mais faute d’avoir anticipé suffisamment le replacement de l’atome, qui a encore fourni 46,3 % de son électricité en 2019, le gouvernement avait demandé à Engie de préparer le prolongement de deux tranches. L’énergéticien français a annoncé fin février 2021 qu'il stoppait ces travaux, actant l’arrêt du nucléaire en Belgique.
En Allemagne, qui a voté dès 2011 la sortie de l’atome en 2022, il reste six réacteurs de 1400 MW dans six centrales nucléaires en activité, contre 17 avant l'annonce de la sortie. Huit réacteurs avaient été débranchés dès 2011. Trois fermeront en 2021 et trois derniers en 2022. Le groupement va indemniser les quatre opérateurs de centrale, EON, RWE, EnBW et Vattenfall à hauteur de 2,428 milliards d'euros.
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En Suisse, dès le 25 mai 2011, le conseil fédéral annonçait une sortie progressive de l'énergie nucléaire programmée pour 2034 avec la non prolongation de la durée de vie des installations nucléaires existantes. La décision a été confirmée par référendum en 2017. Un premier des cinq réacteurs suisses a été arrêté en décembre 2019.
Pologne et République Tchèque passent à l’acte
En novembre 2019, la Pologne a publié son projet de politique énergétique à l'horizon 2040, réaffirmant ses projets de développement de 6 GW à 9 GW d'énergie nucléaire dans le cadre d'un portefeuille énergétique diversifié, rendant le pays moins dépendant du charbon et du gaz importé. La première centrale nucléaire polonaise pourrait être mise en service en 2033, et cinq autres devraient suivre d'ici 2043. Des discussions sont engagées avec l’américain Westinghouse, mais EDF se pose en alternative.
Début 2020, la République tchèque a annoncé la construction de deux réacteurs de 1 200 MW pour une mise en service en 2029. Six constructeurs, dont EDF, sont sur les rangs. La Bulgarie veut mettre en service d’ici 10 à 15 ans un réacteur américain dans sa seule centrale atomique de Kozlodoui (nord). Enfin, la Roumanie s’est désengagée d’avec le chinois China General Nuclear Power Corporation (CGN) et se tourne vers les États-Unis.
La Chine ralentit, l'Inde préfère les renouvelables
À mi-2020, la Chine comptait 47 réacteurs en fonctionnement, 15 en construction, un en arrêt long. La moyenne d’âge du parc est de 8,2 ans. L’électricité nucléaire représentait 4,9 % de la consommation électrique du pays en 2019. Le nombre de nouveaux projetx de grandes centrales ralentit, mais la Chine a déjà deux SMR (mini réacteur modulaires) en construction.
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Quant à l’Inde, elle disposait de 20 réacteurs de faible capacité dans sept centrales, qui ne produisent que 3 % de l’électricité du pays. 21 réacteurs devaient être construits d'ici à 2030, mais Fukushima a fait naître une forte opposition dans la population et le gouvernement investit massivement dans les renouvelables. Le projet de six EPR à Jaipur, porté par EDF, n’avance pas.
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