C’est une musique différente de celle que l’on entend généralement dans le monde de l’énergie, où le développement de nouvelles capacités est souvent mis en avant. L’association Negawatt a publié, mercredi 20 octobre une réactualisation de son scénario énergétique 2050. Il mise autant sur la montée en puissance des renouvelables que sur l’efficacité énergétique (consommer mieux) et la sobriété énergétique (consommer moins).

« Un projet de société socialement juste et apaisée, respectant les limites physiques de la planète », explique l’association, pour qui la transition énergétique passe aussi (voire d’abord) sur une modification des comportements.

Une énergie 100 % renouvelables

Dans le scénario de Negawatt, les réacteurs nucléaires seraient progressivement fermés entre leur 40e et leur 50e année d’exploitation. Au plus tard en 2045. Aucune construction ne serait lancée, et même l’EPR actuellement en construction à Flamanville ne démarrerait pas.

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D’ici à 2050, la production d’énergies renouvelables serait triplée et la consommation d’énergie primaire divisée par trois. À cette date, l’éolien serait la principale source d’électricité (300 TWh). Le parc terrestre serait multiplié par 2,1 avec 19 000 machines. En mer, un peu plus de 3 000 éoliennes seraient installées. La production annuelle du photovoltaïque atteindrait un peu plus de 150 TWh, contre un peu moins de 200 TWh pour la biomasse et 140 TWh environ pour le biogaz.

Faire de la rénovation énergétique de masse

Le bâtiment représente en France plus de 40 % des consommations d’énergie. L’association plaide ainsi pour une réorientation de l’ensemble des financements dédiés à la rénovation vers le niveau BBC (bâtiment basse consommation).

Cela ne suffira pas. Negawatt plaide également pour une « stabilisation du nombre de personnes par logements », une « réduction de la part des maisons individuelles dans la construction neuve au profit du petit collectif » et évoque un « dimensionnement raisonnable des équipements ». La priorité serait aussi donnée à la réhabilitation des bâtiments existants et à la mise en place de systèmes de chauffage performants. Dans le neuf, l’utilisation de matériaux à faible énergie (comme le bois, la terre crue, des isolants biosourcés) serait obligatoire.

De nouvelles habitudes à mettre en place

Les mêmes exigences de sobriété et d’efficacité seraient instaurées dans l’industrie. Le scénario 2050 évoque une diminution de la production d’acier, de ciment, de plastique et la consommation d’énergie. De même, les métaux seraient recyclés à 95 %, les plastiques et le verre à 85 %. Dans la chimie et la sidérurgie, la décarbonation se ferait grâce à l’hydrogène d’origine renouvelable.

Negawatt table également sur une modification des habitudes alimentaires. L’association évoque une diminution de moitié de la consommation de viande d’ici à 250 et appelle à une réduction des gaspillages de nourriture. Les importations de soja seraient supprimées et l’agriculture dite conventionnelle basculerait totalement vers le bio, avec « dès 2030 un doublement des élevages en pâturage et une division par eux des systèmes d’élevages intensifs ».

Création d’emplois et allongement de l’espérance de vie

Selon le scénario, toutes ces contraintes auraient un effet positif sur la santé, grâce à la diminution de la pollution, mais aussi « l’augmentation de la pratique du vélo et de la marche ». Entre 2030 et 2050, plus de 10 000 décès par an seraient évités et l’espérance de vie moyenne d’un Français augmenterait de trois mois en moyenne, assure Negawatt.

Le même optimisme est affiché en matière de créations d’emplois. Au moins 500 000 emplois, seraient créés dans la transition énergétique d’ici une dizaine d’années, dont 300 000 dans la rénovation des bâtiments. Selon l’association, d’autres secteurs, comme la réparation, le recyclage, « l’accompagnement à la sobriété » et les relocalisations industrielles représenteraient également de nouvelles sources de richesses.