POLITIQUE - 30 milliards d’euros pour répondre aux “vraies faiblesses” de la France et lui redonner son statut de “grande nation d’innovation”. C’est le montant du plan d’investissements sur 5 ans annoncé par Emmanuel Macron a annoncé ce mardi 12 octobre à l’Élysée et visant à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir en France.
“La stratégie pour 2030 doit nous conduire à investir 30 milliards d’euros pour répondre” à ce qui peut être considéré comme “une sorte de déficit de croissance français”, a estimé Emmanuel Macron devant quelque 200 chefs d’entreprise et d’étudiants.
Appelant à “un investissement massif dans notre stratégie d’innovation et d’industrialisation”, il a souhaité que la France “retrouve un cycle vertueux: innover, produire, exporter, et ainsi financer (son) modèle social” et le “rendre soutenable”, a-t-il ajouté.
“On a des vraies faiblesses”, a estimé le chef de l’Etat évoquant les “sous investissements” dans les secteurs de l’éducation, de la formation, de l’enseignement supérieur et de la recherche. “On a une force qui est notre modèle social et éducatif, mais on n’a plus le modèle productif qui permet de le financer. C’est ça, notre grande incohérence”
Se refusant à “réduire notre modèle social”, Emmanuel Macron a donc opté pour une autre solution: “avoir un pays qui produise davantage” dans de nombreux domaines grâce à des investissements massifs, que Le HuffPost détaille ci-dessous.
Emmanuel Macron a annoncé qu’il souhaitait investir un milliard d’euros dans l’énergie nucléaire d’ici à 2030 pour développer des “technologies de ruptures”. “L’objectif numéro un, c’est de faire émerger en France d’ici 2030 des réacteurs nucléaires de petite taille innovant avec une meilleure gestion des déchets”, a-t-il précisé.
Objectif “2 millions de véhicules électriques et hybrides” “produits en France bien sûr. Rappelant que “les 30 dernières années ont été cruelles pour l’industrie automobile française”, le chef de l’Etat a jugé cet objectif “atteignable” à condition d’avoir “une vraie stratégie coopérative, en particulier de nos grands constructeurs”. ”À la fin du mois, je reverrai l’ensemble des acteurs de la filière sur à la fois les infrastructures et les investissements”, a-t-il précisé, en invitant à un “changement de culture”. “Si les grands constructeurs français ne jouent pas le jeu, nous ne réussirons pas cette partie”, a insisté le chef de l’Etat.
L’investissement dans les transports se fera aussi par les airs avec un investissement “massif” “pour permettre de déployer d’ici à 2030 le premier avion bas carbone qui doit être un projet français, mais dont l’objectif est de l’européaniser au maximum”, a également annoncé le président de la République.
Il faut “massivement investir pour aider à décarboner” l’industrie. Et pour cela, il mise sur “l’hydrogène vert” à la place des énergies fossiles, à utiliser notamment dans les secteurs de l’acier, du ciment et de la production chimique, ainsi que “l’alimentation des camions, bus, trains et avions”.
Deux milliards d’euros seront investis dans des innovations de “rupture” dans l’agriculture, en particulier dans la robotique. La France doit entrer dans une “nouvelle révolution de l’alimentation saine, durable et traçable” à cet horizon et pour cela “investir dans trois révolutions qui vont en quelque sorte être la suite de la révolution mécanique et de la révolution chimique qu’on a connues: le numérique, la robotique, la génétique”, a préconisé Emmanuel Macron.
Ces investissements doivent permettre de “décarboner la production” agricole, “sortir de certains pesticides”, “améliorer la productivité” et développer “des productions plus résilientes et plus solides dans les bio-solutions”, a-t-il détaillé.
“Près de 6 milliards d’euros” d’investissements serviront à “doubler” la production électronique de la France d’ici 2030 et “sécuriser” son approvisionnement en puces.
“Nous voulons être en capacité de doubler notre production électronique d’ici 2030 et de construire une feuille de route vers des puces électroniques de plus petite taille pour rester un des leaders du domaine”, a-t-il déclaré soulignant que la France “a perdu une part importante de son autonomie sur plusieurs équipements de robotique et de numérique”.
Environ 7 milliards d’euros seront consacrés au domaine de la santé. Objectif de ce budget, annoncé par Emmanuel Macron dès le mois de juin: “faire de la France la première nation innovante en santé en Europe à l’horizon 2030”.
Une partie de cette somme servira au développement de la recherche pour des traitements innovants - par exemple comme celui de l’ARNmessager où la France a cruellement échoué pendant la pandémie de Covid-19.
Le président de la République mise sur “au moins 20 biomédicaments contre les cancers, les maladies émergentes et les maladies chroniques dont celles liées à l’âge”. “C’est un objectif sur lequel nous devons concentrer tous les efforts et l’agence d’innovation en santé sera un point, à mes yeux, extrêmement important pour y arriver” a dit le président en plaidant pour une “médecine plus prédictive, plus innovante et avec un tissu productif davantage en France”.
Deux milliards d’euros du plan d’investissement seront consacrés à l’adaptation des formations aux priorités affichées, a indiqué le ministère du Travail en marge des annonces d’Emmanuel Macron. Le ministère va lancer un “appel à manifestation d’intérêts” d’ici la fin de l’année.
“Ce sont deux milliards pour moderniser l’appareil de formation pour former des jeunes et des salariés aux métiers des secteurs ciblés par France 2030”, a indiqué à l’AFP le cabinet d’Elisabeth Borne. La cible sera tous les niveaux de qualification, formation initiale ou continue, a-t-on précisé.
En outre, 500 millions iront à l’enseignement supérieur pour créer notamment des écoles formant à l’intelligence artificielle.
Les deux enveloppes correspondent aux 2,5 milliards d’euros dont Emmanuel Macron a annoncé qu’ils seraient dédiés à la formation des “talents” de demain et à l’amélioration du financement des start-up industrielles.
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