New Start : Moscou suspend sa participation au dernier traité russo-américain de désarmement nucléaire

Vladimir Poutine s’est dit prêt à reprendre les essais nucléaires si d’aventure les États-Unis venaient à le faire eux-mêmes. Le traité était entré en vigueur il y a treize ans.

En 2011 à Munich (Allemagne), Hillary Clinton et Sergei Lavrov, ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis et de la Russie, échangeaient des copies paraphées du traité. IconSport
En 2011 à Munich (Allemagne), Hillary Clinton et Sergei Lavrov, ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis et de la Russie, échangeaient des copies paraphées du traité. IconSport

    Une fois de plus, Vladimir Poutine brandit la menace nucléaire. Dans son discours solennel sur l’état de la nation russe, à trois jours de l’anniversaire de son offensive en Ukraine, Vladimir Poutine a lancé un nouvel avertissement nucléaire à l’Occident, qu’il a accusé de vouloir la destruction de la Russie. Cette fois, c’est en suspendant l’application de New Start, un traité bilatéral de contrôle des armes nucléaires.

    Signé le 8 avril 2010, alors que les relations entre leurs deux pays étaient bien plus chaleureuses, New Start (pour Strategic Arms Reduction Treaty, en russe : СНВ-III) est le dernier grand accord international permettant un contrôle réciproque entre Moscou et Washington de leur armement nucléaire. Il limite le nombre d’ogives nucléaires que les deux plus grandes puissances nucléaires du monde - 90 % des ogives nucléaires du monde - peuvent déployer et doit expirer en 2026, après une prolongation de cinq ans en 2021.

    « Je suis contraint d’annoncer aujourd’hui que la Russie suspend sa participation au traité de réduction des armes stratégiques », a déclaré Poutine, justifiant sa décision par le fait que certaines personnes à Washington envisageraient de reprendre les essais nucléaires. Le ministère de la Défense et Rosatom, l’agence nucléaire russe, doivent donc, a-t-il poursuivi, se tenir prêts à tester les armes nucléaires russes. L’Union soviétique a effectué son dernier essai en 1990, selon l’Arms Control Association.

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    « Bien sûr, nous ne le ferons pas en premier. Mais si les États-Unis procèdent à des essais, alors nous le ferons. Personne ne devrait avoir d’illusions dangereuses sur la possibilité de détruire la parité stratégique mondiale », a mis en garde le chef du Kremlin.

    Il a aussi annoncé que de nouveaux systèmes stratégiques terrestres avaient été mis en état de combat. Poutine n’a pas dit de quels systèmes il s’agissait mais il a accusé l’Ukraine d’avoir voulu frapper une installation située au cœur de la Russie, où sont basés certains de ses bombardiers nucléaires, les Tupolev Tu-160 supersoniques, une référence à la base aérienne d’Engels. En décembre, la base aérienne avait été attaquée par des drones ukrainiens à deux reprises. Trois militaires russes avaient été tués dans la deuxième attaque.

    Début août, la Russie avait déjà annoncé suspendre les inspections prévues sur ses sites militaires. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, affirmait alors que la Russie n’allait pas discuter du traité Start avec les États-Unis tant que ceux-ci fournissaient des armes et du matériel militaire à l’Ukraine.

    Depuis Athènes (Grèce), où il poursuit une tournée européenne, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a jugé la décision russe « profondément malheureuse et irresponsable ». L’administration Biden reste prête à parler du traité sur les armes nucléaires « à tout moment avec la Russie, indépendamment de tout ce qui se passe dans le monde », a-t-il ajouté.