Le quota d’électricité qu’EDF devra vendre à prix cassés officiellement relevé, les syndicats portent plainte

Le gouvernement a publié samedi les textes augmentant le volume d’électricité qui sera cédé à prix réduit par EDF à ses concurrents en 2022, afin de protéger le pouvoir d’achat des Français face à l’explosion des prix de l’énergie. Mais les syndicats du groupe continuent de s’opposer à la mesure, qu'ils considèrent comme électoraliste, et ont annoncé hier le dépôt d'une plainte devant la Commission européenne.
(Crédits : CHARLES PLATIAU)

L'annonce avait fait grand bruit chez EDF, le jeudi 14 janvier dernier. Et pour cause, dès le lendemain, le titre de l'entreprise avait lourdement chuté en bourse dans un « Vendredi noir » dont se souviendra longtemps l'électricien. Presque deux mois plus tard et malgré les cris d'alarme des syndicats et de la direction, qui font front contre la mesure, celle-ci est désormais officiellement entérinée.

En effet, le gouvernement a publié samedi les textes augmentant le quota d'électricité qu'EDF devra céder à prix réduit à ses concurrents en 2022 dans le cadre de l'ARENH (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique), afin de protéger les Français contre la flambée des prix de l'énergie, encore aggravée par l'offensive russe en Ukraine. Concrètement, un décret et deux arrêtés parus au journal officiel organisent le relèvement, jusqu'à la fin de l'année, de 20% du plafond de l'ARENH, qui passe ainsi de 100 à 120 térawattheures (TWh).

Autrement dit, l'entreprise, qui a déjà vendu sa production pour l'année par anticipation, devra désormais en racheter 20 TWh sur les marchés (qui frôlent actuellement les 290 euros/MWh)...afin de les revendre à ses concurrents au prix de 46,2 euros/MWh seulement. Ce qui devrait représenter un manque à gagner de près de huit milliards d'euros sur l'excédent brut d'exploitation du groupe, selon ses propres calculs.

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Plainte déposée devant la Commission européenne

Mais l'intersyndicale ne compte pas se laisser faire. Vendredi, les fédérations CGT, CFE-CGC, CFDT et FO du secteur de l'énergie ont en effet annoncé dans un communiqué commun qu'elles allaient demander à la Commission européenne d'ouvrir « une procédure d'examen formelle à l'encontre du gouvernement français sur le régime d'aides illégalement mise en place et potentiellement incompatible avec le marché commun » que constitue selon elles ce relèvement de l'ARENH.

Le 27 janvier, les quatre organisations avaient déjà annoncé engager un recours auprès du Conseil d'Etat de manière à défendre les « consommateurs » et l' « avenir d'EDF », dénonçant une « opération électorale » à l'approche de l'élection présidentielle.

« Nous ne pouvons laisser dépecer cette entreprise ni la laisser être l'ultime levier face à l'augmentation structurelle des prix de marché après la mise en place de multiples mesures correctives toutes coûteuses au final pour les citoyens », avait alors fait valoir l'intersyndicale.

A ce moment, le PDG d'EDF lui-même, Jean-Bernard Lévy, défiait l'exécutif, et faisait état dans une lettre aux managers de son « véritable choc » face à une mesure qu'il a « beaucoup combattue » mais qui « s'impose » à l'entreprise.

Recapitalisation publique

« S'agit-il d'un service public, pour aider les Français, ou bien d'une entreprise dont le seul but est le profit ? Moi j'opte pour la première réponse », avait répondu le 25 janvier le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, au micro de FranceInfo. Et de rappeler que l'État a été présent pour EDF quand la société a traversé des périodes difficiles : « Je n'ai pas entendu beaucoup de remerciements à l'époque », a-t-il insisté.

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Selon le gouvernement, qui a depuis annoncé son intention de commander 6 EPR à l'électricien tricolore, les principales difficultés du groupe sont plutôt liées à une production nucléaire historiquement basse sur l'année, en raison d'un défaut de corrosion identifié dans plusieurs de ses réacteurs, et dont les causes restent toujours inconnues.

L'Etat avait ainsi annoncé le 18 février dernier qu'il contribuera à hauteur de 2,1 milliards d'euros au renforcement des fonds propres d'EDF, afin de lui permettre de tenir le coup, au vu du mur d'investissements qui lui fait face. Et ce, en attendant une réforme du mécanisme de l'ARENH, dont la fin est prévue dès 2025.

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Commentaires 14
à écrit le 18/03/2022 à 11:49
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Scandaleux, cette obligation dictée par le pouvoir de vendre à prix réduit à des concurrents ! C'est comme si on obligeait un pays (ou un groupe) de fournir à un ennemi des armes presque gratuites pour mieux se faire taper sur la gue... ! On veut ...

à écrit le 13/03/2022 à 10:15
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On baisse le prix pour les usagers mais on va augmenter l'impôt des contribuables pour financer EDF. Encore une fois les 40% des contribuables sont les dindons de la farce, on déshabille Pierre pour rhabiller Paul, comme pour la suppression de la tax...

le 14/03/2022 à 11:19
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dans la logique de la mondialisation les prix sont gerer sur les cours les plus bas mais la comme l'allemagne etais a un niveau trop haut pour satisfaire toujours les meme l'europe a aligner ces prix sur les plus haut de facon a penaliser une foi...

à écrit le 13/03/2022 à 9:38
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De plus en plus grotesques ces syndicats, combien de salariés syndiqués au fait en France ? Ils représentent qui au final ? Ben oui syndicat et patronat sont les deux faces d'une même pièce.

à écrit le 13/03/2022 à 9:29
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Quelle honte !

à écrit le 12/03/2022 à 21:05
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"et ont annoncé hier le dépôt d'une plainte devant la Commission européenne". Mal barré puisque c'est la Commission européenne qui le souhaite.

à écrit le 12/03/2022 à 20:17
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Le mafieux ultralibéral hyperatlantiste macron oblige EDF à financer à perte pour 8 milliard d'Euros les mafieux de Total qui finance massivement sa campagne électorale et qui viennent de déclarer 16 milliards d'Euros de profit en 2021.

le 12/03/2022 à 21:26
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votre ultra neo, il est le fils de hollande; on n'a pas appris au meme endroit ce qu'etait le liberalisme, vous devriez relire voltaire, d'alembert, diderot et popper..........rien a voir avec les tolerants de gauche, sartre, lenine, hitler et autres...

à écrit le 12/03/2022 à 19:50
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en union sovietique reenchantee, tyout etait gratuit paye pour tous rembourse en cmu bienveillante, vu que c'etait de gauche......Lemaire, qui va mettre la russie a genou, repropose ce que meme lenine hesitait.......le tout gratuit c'est paye par que...

à écrit le 12/03/2022 à 16:20
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Les syndicats d'EDF veulent protéger leurs avantages et ceux de leurs adhérents, ils n'en ont rien à faire des consommateurs alors que nous sommes taxés pour payer ces avantages scandaleux.. Belle mentalité mais rien de bien étonnant.

à écrit le 12/03/2022 à 16:17
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Qu'est ce qu'il nous aura couter cher ! Un pognon de dingue !

à écrit le 12/03/2022 à 15:45
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L'ouverture à la concurrence du réseau Enegie assortie de pénalités pour le principal fournisseur qu'est EDF est un non-sens pour répondre au principe concurrentiel de la CEE. On a l'impression que les nouveaux prestataires profitent des infrastruct...

à écrit le 12/03/2022 à 13:22
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Question : Avons nous besoin des fournisseurs alternatifs ? Réponse: Non. Nous avons besoin de courant alternatif fourni en temps, en heure, et à coût raisonnable par un opérateur national Français, financé, contrôlé et propriété des Français.

le 12/03/2022 à 15:33
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Exactement ! Le courant est alternatif, mais les fournisseurs n'ont pas besoin de l'être

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