Parmi les points évoqués durant la Commission locale d’information, une large partie des débats a porté sur l’état des lieux du démantèlement. Orano La Hague (Manche) travaille en effet, largement, sur le sujet.
L’usine UP2-400, constituée de quatre installations nucléaires de base (INB 33, 80, 47 et 38) est actuellement en démantèlement. Celles-ci étaient précédemment destinées au traitement de certains combustibles des réacteurs (INB 33), au traitement d’effluents et à l’entreposage de déchets et résidus issus des activités des différents ateliers (INB38), à la fabrication de sources radioactives scellées (INB 47), ou encore au traitement de combustibles des réacteurs à eau légère (INB 80).
Chaque phase de démantèlement implique de véritables prouesses pour l’entreprise nucléaire, tant sur le point de l’innovation que sur celui de la technologie. « Les études prennent du temps et il peut y avoir une dérive dans le calendrier. C’est un point majeur d’attention », détaille de son côté l’ASN.
L’avancement global du démantèlement est de 38 % :
C'est un peu en deçà de ce que nous pensions, nous espérions être à 38,5 % mais un seul accident, qui a nécessité un ITT, est venu entacher cette année. Il s'agit d'un salarié qui s'est mis un rouleau de vinyle sur le pied, nous acquérons de l'expérience.
Actuellement, 800 personnes travaillent sur les différents projets. Un démantèlement qui coûte plus de 100 millions d’euros d’activité annuellement.
7 000 interventions
Au cours de l'année 2021, plus de 7 000 interventions en tenue de démantèlement se sont déroulées.
« Les ateliers n’avancent pas de manière uniforme, a aussi expliqué Alain Lavenu. Certaines opérations sont pratiquées par des moyens humains via, par exemple, des grignoteuses pour enlever, compacter, les zones contaminées. D’autres utilisent des robots car la contamination est trop forte. »
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Le démantèlement atelier par atelier
AT1 : L’atelier de traitement n°1, pilote du CEA qui se trouve sur INB 38, et utilisé de 1969 à 79, pour le traitement des combustibles provenant des réacteurs à neutrons rapides Rapsodie et Phoenix, est le chantier le plus avancé.
Pour chaque atelier, la même méthode (DEM) est utilisée, à savoir : le rinçage des équipements, la décontamination, le démantèlement des équipements procédés et la décontamination déclassement du génie civil (routes, bâtiments…).
« Nous pouvons désormais y rentrer en tenue civile », détaille la direction Orano.
HAPF Chaîne A : avancement du démantèlement : 27,5 %.
Située sur IBN 33, où se trouvait l’unité de traitement des combustibles d’une capacité de 400 tonnes par an, la chaîne de haute activité produit de fission est aussi en démontage.
Le rinçage des divers éléments s'est déroulé notamment sur l'évaporateur de l'époque. Plusieurs produits chimiques ont montré leur efficacité, il y a eu une réduction significative des débits de dose. C'est plutôt une bonne nouvelle.
Des travaux sont désormais engagés pour voir à l’intérieur mais la confirmation visuelle du bon niveau de nettoyage des fonds d’équipement a déjà été faite.
Ligne HADE : avancement du démantèlement : 39, 9 %. Sur la ligne Haute activité dissolution extraction (toujours dans IBN 33), Orano travaille actuellement à la découpe de cuve puis sa mise en déchet ainsi que le démantèlement de la batterie mélangeur décanteur 233.
Elan 2B : avancement du démantèlement : 67,5 %. D : Sur l’INB 47, au chantier Elan 2B, les 5 colonnes ont été déposées et évacuées ainsi que 14 des 15 cellules de strontium.
Atelier HAO : avancement du démantèlement : 50,8 %.
Nous avons quasi vidé les cellules 904 et 906. Nous attaquons l'épuration de la piscine, et prévoyons en 2023 de descendre le niveau. »
L’atelier HAO (haute activité oxyde) de l’INB 80 avance également. Plusieurs tonnes de bitume notamment vont être extraites et recyclées.
Et après ?
Tous les déchets démantelés sont alors cisaillés, conditionnés pour partir être stockés sur les sites de l’Andra.
« Les plus radioactifs n’ont, eux, pas de solution de stockage ? », soulèvent alors les associations écologiques.
« Ils sont pour le moment stockés sur le site mais ce n’est que provisoire », assure la direction Orano. Certaines opérations posent quand même quelques difficultés comme la reprise et le conditionnement des boues.
Nous avons très largement lavé, puis vitrifié mais cela reste compliqué. Plusieurs solutions ont été envisagées comme thermique ou chimique mais n'ont pas été probantes pour le traitement ultime de ces boues. Nous imaginons un nouvel entreposage dans un nouveau bâtiment, et imaginons en parallèle une option de bitumage.
Le démantèlement demandera donc encore de multiples travaux et pose encore quelques questions à l’entreprise.
Mais Orano l’assure, « l’expérience acquise aujourd’hui se traduit par une organisation mature s’appuyant sur une équipe intégrée, composée de l’ensemble des métiers nécessaires au démantèlement et sur une maîtrise technique et une capacité d’innovation reconnue permettant de gérer les spécificités en milieu hostile. »
La fin de démantèlement d’UP2-400 est programmée pour 2040.