Climat : les émissions de CO2 liées à l'énergie ont encore progressé en 2022 et atteint un nouveau record

Les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie ont de nouveau augmenté en 2022, pour atteindre un nouveau record de 36,8 milliards de tonnes. La hausse est moindre que l'année précédente - 0,9% contre 6% en 2021 - et est d'ailleurs moins élevée que prévu grâce à l'essor des énergies et technologies vertes. Elle est due au recours accru aux énergies fossiles, dû notamment à la recrudescence d'épisodes climatiques extrêmes ou encore par les difficultés de fonctionnement de nombreux réacteurs nucléaires.
Fait positif dans ce lot de mauvaises nouvelles : 550 millions de tonnes de CO2 ont aussi été évitées par les infrastructures nouvelles d'énergies bas carbone, selon l'AIE
Fait positif dans ce lot de mauvaises nouvelles : 550 millions de tonnes de CO2 ont aussi été évitées par les infrastructures nouvelles d'énergies bas carbone, selon l'AIE (Crédits : © 2010 Thomson Reuters)

Plus de 36,8 milliards de tonnes : c'est le total des émissions de CO2 liées à l'énergie en 2022. En légère hausse par rapport à 2021 - +0,9% - qui reste malgré tout un record, selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie publié ce jeudi 2 mars. Pour rappel, en 2021, la hausse annuelle des émissions liées à l'énergie avait atteint 6%, après une année Covid exceptionnellement en retrait.

« Le risque d'une croissance débridée des émissions en raison du recours accru au charbon dans le contexte de crise énergétique, ne s'est pas matérialisé, l'essor des énergies solaire et éolienne, des voitures électriques, de l'efficacité énergétique et d'autres facteurs ayant freiné la montée du CO2 », indique l'AIE dans son analyse basée sur des données nationales publiques.

Malgré ce constat, il n'empêche que les émissions dues à l'énergie (plus des trois quarts du total des gaz à effet de serre) gardent « une trajectoire de croissance insoutenable », alimentant le dérèglement du climat, alerte l'agence, qui appelle à agir plus fortement.

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550 millions de tonnes évitées grâce aux énergies bas carbone

Fait positif dans ce lot de mauvaises nouvelles : 550 millions de tonnes de CO2 ont été évitées par les infrastructures nouvelles d'énergies bas carbone, selon l'AIE. L'an dernier, les renouvelables ont représenté 90% de la croissance de la production électrique.

« Les impacts de la crise de l'énergie n'ont pas généré la croissance massive des émissions que nous redoutions, et ce grâce à la croissance remarquable des renouvelables, des véhicules électriques, des pompes à chaleur et des technologies d'efficacité énergétique. Sans cela, la croissance des émissions de CO2 aurait été près de trois fois supérieure », a commenté le directeur de l'AIE, Fatih Birol.

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Plus de charbon et de pétrole en 2022

Ces chiffres viennent en tout cas confirmer la prédiction des scientifiques du Global Carbon Project. En novembre dernier, lors de la COP27 à Charm el-Cheikh, une de leurs études prévenait que les émissions de CO2 produites par la consommation d'énergies fossiles - pétrole, gaz ou charbon - allaient dépasser en 2022 leur niveau record. Une hausse qu'ils imputaient principalement à l'utilisation du pétrole, avec la reprise du trafic aérien, et du charbon.

Même son de cloche du côté de l'AIE. L'agence indique que les émissions ont été alimentées en 2022 par un recours accru aux énergies fossiles lié notamment à la recrudescence d'épisodes climatiques extrêmes ou encore aux difficultés de fonctionnement d'un nombre inédit de réacteurs nucléaires.

Dans le détail, les émissions générées par la combustion du charbon qui, en Asie mais aussi en Europe, a souvent remplacé le gaz devenu trop cher, ont crû de 1,6%. Celles liées au pétrole ont augmenté de 2,5%, restant cependant en-deçà des niveaux pré-Covid. Cette croissance vient pour moitié de la reprise du trafic aérien, explique l'AIE.

« Les émissions issues des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon, ndlr) continuent à croître, entravant les efforts visant à répondre aux objectifs climatiques mondiaux », a commenté le Fatih Birol, exhortant les compagnies concernées à agir. « Les compagnies internationales et nationales du secteur des énergies fossiles engrangent des revenus record et doivent prendre leur part de responsabilité, en cohérence avec leurs engagements publics à l'égard du climat. Elles doivent revoir leurs stratégies dans le sens d'une réduction réelle de leurs émissions », a-t-il souligné.

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Recul en Europe, hausse aux États-Unis

Géographiquement, dans l'Union européennes, les émissions ont reculé de 2,5%, grâce à un déploiement record de renouvelables face au retour du charbon. Aux États-Unis, elles ont augmenté de 0,8%, avec une forte hausse de la demande énergétique en raison de températures extrêmes.

Du côté de l'Asie hors Chine, les émissions ont crû de 4,2%, tirées par sa croissance économique. La Chine, soumise à des restrictions dues au Covid, reste au même niveau d'émissions.

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(Avec AFP)

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