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EDF ne lève pas l'épée de Damoclès qui pèse sur sa production nucléaire

La liste des travaux à réaliser pour traiter le problème de corrosion qui frappe les réacteurs d'EDF reste encore incertaine. L'Autorité de sûreté doit donner un avis d'ici à fin mai sur le programme de réparation prévu par l'énergéticien.

La centrale d'EDF de Civaux.
La centrale d'EDF de Civaux. (Guillaume Souvant/AFP)

Par Sharon Wajsbrot

Publié le 4 mai 2022 à 18:59Mis à jour le 5 mai 2022 à 10:02

« Je ne suis pas plus ou pas moins confiant qu'en février », sur les problèmes de corrosion qui frappent les réacteurs. Cet aveu adressé par Xavier Girre, le directeur financier d'EDF, en réponse à une question des analystes, lors de la présentation des comptes trimestriels du groupe mercredi, a largement refroidi les investisseurs. Le cours de l'énergéticien a cédé près de 3 % en séance, pour terminer à 8,38 euros (-2,47 %).

Autrement dit, plus de six mois après avoir identifié ce problème inédit sur ses réacteurs, EDF ne parvient pas à dissiper le brouillard sur sa capacité à relancer sa flotte de réacteurs nucléaire à pleine puissance. Le sujet est crucial car les mises à l'arrêt de réacteurs liées à des problèmes de corrosion viennent s'ajouter à un programme de maintenance déjà très chargé. Désormais, environ la moitié des réacteurs d'EDF sont à l'arrêt. Un niveau inédit qui contribue à la flambée des prix de l'électricité en Europe et en particulier en France, qui plombe les finances du groupe public et qui met sous tension la sécurité d'approvisionnement.

« Les examens sont toujours en cours. L'Autorité de sûreté nucléaire doit donner son avis d'ici à la fin mai. Ce qui permettra de confirmer ou d'ajuster notre stratégie dans ce dossier », a indiqué Régis Clément, directeur adjoint de la division production nucléaire. Il indique qu'à ce stade « 20 % des réacteurs subissent actuellement des investigations » et que, selon les mesures prévues par EDF, l'ensemble de sa flotte « aura été inspecté fin 2023 ».

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Pour identifier le nombre de réacteurs concernés par ce phénomène qui touche les circuits d'injection de sécurité - ceux qui doivent permettre d'injecter de l'eau borée pour refroidir le réacteur en cas de fuite et éviter un accident -, EDF mène des contrôles par ultrason et des découpes de tuyauteries.

Des découpes de tuyauteries

A ce stade, seuls les réacteurs de Civaux, de Chooz, de Penly et de Fessenheim ont fait l'objet de découpes. Mais d'autres doivent suivre. Une est notamment prévue dans le réacteur B3 de la centrale de Chinon. Son résultat sera déterminant pour évaluer l'impact de ce défaut sur les réacteurs de 900 MW, les plus nombreux en France.

Toutes ces découpes sont autant de travaux supplémentaires qu'EDF devra mener avant de redémarrer ses réacteurs. L'exercice risque, par ailleurs, d'être complexifié par les problèmes d'approvisionnement liés à la guerre en Ukraine.

Ce redémarrage est toutefois crucial pour les finances de l'énergéticien et l'alimentation de la France en électricité. Au premier trimestre, grâce à la flambée des prix, le groupe a vu son chiffre d'affaires s'envoler. Il progresse de 62 %, à 35,6 milliards d'euros. Mais cela n'entraîne pas ses profits à la hausse. « L'évolution du chiffre d'affaires n'aura qu'un impact limité en Ebitda », a prévenu EDF qui, pour 2022, anticipe toujours un excédent brut d'exploitation proche de zéro.

EDF ne fournit toujours pas de prévision financière pour l'année en cours. « 2022 reste une année très difficile, la volatilité sur les marchés est toujours extrême et l'impact du conflit ukrainien est difficile à quantifier », a expliqué Xavier Girre. Le chantier EPR d'EDF au Royaume-Uni, à Hinkley Point, est, par exemple, touché par les pénuries de matériels et l'inflation. Une mise à jour des délais et des coûts est en cours.

Sharon Wajsbrot

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