Éviter le surdimensionnement du réseau électrique dans un contexte de montée du solaire et de l’éolien ? C’est aujourd’hui possible de façon intelligente grâce à des batteries automatisées. En Côte-d’Or, RTE a inauguré début juillet son premier site expérimental pour le transport virtuel d’électricité à grande échelle, baptisé Ringo. Une première mondiale.

Il peut arriver dans certains secteurs du réseau électrique que la quantité d’électricité solaire ou éolienne injectée dépasse par moments les capacités locales de celui-ci. La surproduction électrique verte est alors perdue. 

Une solution consisterait à augmenter la puissance des lignes électriques, mais c’est onéreux. La baisse rapide du coût des batteries lithium-ion permet aujourd’hui à RTE d’envisager une nouvelle approche : celle du stockage électrochimique et automatique des surplus, et de leur restitution simultanée à un autre endroit, de façon tout autant robotisée.

Ce système de stockage permet de reporter la construction de certaines lignes électriques, en conformité avec le schéma décennal de développement du réseau de RTE. Cependant un stockage est assimilé au regard de la législation européenne à un «outil de production», RTE ne peut donc pas stocker du courant et doit alors recourir à un artifice.

Le fonctionnement en parallèle de trois sites permet à RTE de parvenir à un solde nul. Lorsque l’un stocke de l’énergie dans ses batteries, un ou plusieurs autres la rétrocèdent au même moment sur le réseau électrique. Bien que le courant électrique ne soit pas transporté « physiquement » d’un site à l‘autre, le résultat est le même. Il s’agit donc en quelque sorte d’un transport « virtuel ». Une première mondiale.
En stockant et déstockant simultanément des quantités équivalentes, les règles du marché sont respectées.

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Pilotage automatique

Comme le souligne RTE dans son communiqué, « pour la première fois au monde, 3 sites de batteries de stockage seront pilotés à distance grâce à des automates récoltant des données en temps réel. Grâce à des capteurs installés sur le réseau qui mesurent les flux d’électrons à chaque instant, des algorithmes optimisent le stockage en temps réel ».

Les batteries sont fournies par le groupe Nidec pour le site en Côte-d’Or situé à proximité des parcs  de production éolienne en service ou en développement. RTE précise que « l’expérimentation durera trois ans et aura lieu concomitamment avec deux autres partenaires,  dans les Hautes-Alpes sur le site de Ventavon, à proximité des sites de production solaire, et dans le Limousin sur le site de Bellac où des parcs éoliens et solaires sont déjà présents ».

Les trois sites totalisent une capacité d’environ 100 MWh de stockage. Ringo offre au système électrique de nouvelles flexibilités dans une perspective d’optimisation des coûts.  Cette approche moderne permettra à RTE « de renforcer et d’optimiser le pilotage du réseau tout en garantissant un accès à une alimentation électrique sûre, propre et peu coûteuse à tous les Français et à chaque instant. Le réseau RTE est une infrastructure centrale dans la mise en œuvre de la transition énergétique et il doit tenir sa promesse d’efficacité ».

Ringo illustre les capacités d’innovation des grands groupes industriels français pour transformer le système électrique au service de la transition énergétique. « Plus de 50% de la valeur ajoutée de la construction et de l’installation des batteries est en France », rappelle le site spécialisé Tecsol.

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