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Fragments de France

Dans le Doubs, du froid, du fioul et beaucoup d’incompréhension

Par  (Gilley (Doubs), envoyé spécial) et Claire Jachymiak/Hans Lucas (Photos)
Publié le 20 octobre 2021 à 05h30, modifié le 20 octobre 2021 à 14h07

Temps de Lecture 4 min.

Dans le village de Gilley (Doubs), non loin de la frontière suisse, ça chauffe déjà. Au sens propre. « Le fioul me convient très bien », résume Yolande Golliet dans son salon, téléviseur allumé sans le son, miniatures de panthère et d’éléphant sur la table. Outre une cheminée, l’octogénaire dispose d’une chaudière. Très polluante, mais très pratique. Ici, il fait vite frais. En cet après-midi de septembre, un panneau municipal annonce les inscriptions pour le repas du comice agricole. Puis la température : 16 degrés à peine.

Le 20 septembre 2021, à Gilley (Doubs), décoration pour le comice agricole.

« Comment dirais-je pour ne pas être très malpolie ? », se demande Mme Golliet, jadis vendeuse d’objets en porcelaine. Oui, comment le qualifier, le futur décret ? Dans les environs de Gilley (prononcer « Giyé »), moins de 2 000 habitants, beaucoup le connaissent par ouï-dire : à compter de mi-2022, l’Etat interdira l’installation de nouvelles chaudières à fioul domestiques. Avant, peut-être, de parvenir à une interdiction pure et dure de ce mode de chauffage vers 2028, comme le gouvernement s’y était engagé. « Quelque chose d’incroyable. D’incroyablement injuste, estime finalement notre hôte. Une aberration. S’il s’agit d’une question d’écologie, ils n’ont qu’à nous mettre l’électricité, mais moins chère. » Surtout en ce moment, en pleine crise des prix de l’énergie. Précision utile : le texte doit cependant permettre des dérogations en cas d’impossibilité technique d’alternative.

100 « Fragments de France »

A six mois de l’élection présidentielle, Le Monde brosse un portrait inédit du pays. 100 journalistes et 100 photographes ont sillonné le terrain en septembre pour dépeindre la France d’aujourd’hui. Un tableau nuancé, tendre parfois, dur souvent, loin des préjugés toujours. Ces 100 reportages sont à retrouver dans un grand format numérique.

En milieu rural, les autres options paraissent minces, et l’incompréhension peut vite grandir, dans l’attente de précisions sur une éventuelle dérogation. « L’Etat a décidé de mettre à mort le chauffage à fioul », estime Anne-Claire Ratajczak, mère au foyer auprès d’un fils autiste. Ce futur décret, « il s’agit une décision qui vient de Paris ». Le gouvernement, selon elle, « ne se rend pas compte de ce que les gens vivent en réalité, dans une région comme la nôtre ».

A une cinquantaine de kilomètres, la « petite Sibérie », le surnom du village de Mouthe, n’est pas loin. « Vous venez d’où ? », s’enquiert Mme Ratajczak. Celle-ci avait prévu des photos de sa voiture sous la neige, qui peut tomber jusqu’en avril. A Gilley, « la fraise à neige est toujours devant la porte ! » L’engin s’y trouve encore, en effet. Ici, à environ 1 000 mètres d’altitude, pas de raccordement au gaz de ville.

Anne-Claire Ratajczak, dont la chaudière est tombée en panne et sera remplacée par un chauffage électrique, le 20 septembre 2021, à Gilley (Doubs).

Début 2021, le ministère de la transition écologique a présenté le fioul comme « l’énergie de chauffage la plus polluante ». Son décret devait prendre effet dès janvier 2022, puis a été reporté de six mois. La convention citoyenne pour le climat avait aussi exprimé la volonté « d’obliger le changement des chaudières au fioul et à charbon d’ici à 2030 dans les bâtiments neufs et rénovés ».

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