Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. Mardi 8 décembre, dans le bruit assourdissant de l’atelier du Creusot (Saône-et-Loire), après avoir admiré une forge de 11 000 tonnes en train d’écrabouiller consciencieusement de l’acier en fusion, Emmanuel Macron est venu dire à la filière nucléaire tout le bien qu’il pensait de cette énergie. Un signal de plus, après un long plaidoyer pronucléaire sur le sujet dans son entretien au média en ligne Brut, vendredi.
Lors d’un discours à la forge de Framatome, qui fabrique de gigantesques composants pour les réacteurs nucléaires, M. Macron a enfoncé le clou : « Notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire », a-t-il lancé à un parterre de dirigeants de la filière, ravis. « Je n’ai jamais été un partisan du tout nucléaire mais l’atome doit être un pilier dans les années à venir », a martelé le président de la République.
Emmanuel Macron compte faire du nucléaire un axe majeur de la politique climatique de la France. « C’est l’énergie non intermittente qui émet le moins de CO2 », a assuré M. Macron, rappelant que beaucoup de Français confondent la vapeur d’eau qui s’échappe des centrales avec des émissions de gaz à effet de serre.
Calendrier adapté
M. Macron n’a pas annoncé de choix clair sur la construction de nouveaux réacteurs de type EPR – mais il a clairement fait entendre sa préférence. Le président avait fixé fin 2018 un calendrier à la filière : EDF doit rendre un rapport à la mi-2021 sur le modèle de réacteur à construire et surtout un plan de financement adéquat. Selon des documents internes du groupe de travail entre Bercy et EDF, l’exécutif prévoit une contribution financière massive de fonds publics pour la construction de six EPR – dont le coût total serait d’au moins 45 milliards d’euros.
A l’origine, cette date de mi-2021 devait paver la voie à une décision rapide sur le renouvellement du parc nucléaire. Mais c’était sans compter sur les déboires de l’EPR de Flamanville, qui a accumulé les difficultés, et dont la mise en service a été repoussée à 2023 – au mieux. Le président a donc adapté son calendrier, en rappelant mardi que la décision devrait être prise « au plus tard en 2023 ».
Officiellement, Emmanuel Macron doit confronter cette option avec l’idée d’une option 100 % énergies renouvelables, mais il ne fait pas mystère d’être plus enclin à la construction de nouveaux réacteurs. Le fait de repousser la date de décision à 2023 permet également d’éviter d’en faire un point de clivage pendant la présidentielle – y compris au sein de la majorité.
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