La consommation des biens de ce monde est-elle une nécessité, un plaisir ou un vice ? Et quand bascule-t-on de l’un vers l’autre ? Cette question qui traverse l’histoire revient au goût du jour avec l’urgence écologique. Notre mode de vie n’est pas compatible avec notre futur sur cette planète. Pour répondre à ce défi, deux camps s’affrontent, celui de l’adaptation et celui de la rupture. On trouve dans le premier camp des enthousiastes convaincus par l’urgence climatique.
Souvent entrepreneurs, ils croient dans la plasticité du capitalisme et dans sa capacité innovatrice. Patron à succès, Guillaume Poitrinal est de cette trempe. Il a quitté le géant de la promotion immobilière Unibail, en 2013, pour créer sa propre entreprise de construction d’immeubles en bois. Et vient tout juste de sortir un livre qui résume bien sa pensée : Pour en finir avec l’apocalypse. Une écologie de l’action (Stock, 280 pages 19,50 euros). Pour lui, il faut « asservir le capitalisme à l’écologie. Comme on a pu l’asservir dans le passé à la démocratie, aux libertés individuelles ou à la justice sociale ».
Selon lui, comme pour la plupart des entrepreneurs engagés dans ce combat, dont le plus célèbre est Bill Gates, la technologie peut combattre le réchauffement, à condition d’investir tout de suite dans les bonnes solutions et que l’Etat soutienne le passage vers des solutions plus onéreuses : voitures électriques, hydrogène, capture de carbone, recyclage, villes intelligentes… Une telle transformation, massive, de l’économie a besoin de plus d’argent, donc de plus de croissance, et donnera naissance à une vague de transformations qui, à son tour, portera l’économie vers de nouveaux sommets.
La sobriété n’est pas un choix
Le camp d’en face, représenté en France par la mouvance écologiste et bien au-delà, estime au contraire que ce serait remettre du carburant dans la locomotive pour qu’elle fonce plus vite dans le mur. C’est notre société qu’il faut changer, et d’abord nos comportements, qui poussent au gaspillage. L’affaire climatique n’est qu’une illustration supplémentaire de la fausse route sur laquelle nous sommes engagés. Il faut tout revoir, notre rapport au temps, au travail, aux biens, aux autres.
Une révolution spirituelle que le grand théoricien de la décroissance Serge Latouche qualifie de « nouvel art de vivre ». A défaut de trancher cette résurgence du débat millénaire entre l’être et l’avoir, on peut se permettre une forme de synthèse plus pragmatique. La transition énergétique coûtera cher : 4 % du produit intérieur brut (PIB) annuel de la France, affirme l’économiste Patrick Artus, plus de 100 milliards d’euros par an.
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