La Corée du Nord a tiré le 24 mars un missile balistique intercontinental, rompant un moratoire observé depuis 2017. Ce type d’arme occupe une place centrale dans les politiques de dissuasion nucléaire des États.

→ ANALYSE. La Corée du Nord réaffirme son statut de puissance nucléaire

Un missile balistique intercontinental (ou ICBM, pour intercontinental ballistic missile) est un engin doté d’une portée supérieure à 5 500 km. Comme l’explique le politologue Joseph Henrotin, cette valeur est une convention qui a été fixée par des traités.

Un trajet principalement hors de l’atmosphère

Ce missile a une trajectoire balistique. En d’autres termes, s’il est d’abord propulsé par un moteur similaire à celui d’une fusée, il effectue la majorité de sa trajectoire dans l’espace, au-dessus de l’atmosphère, avant de retomber sur sa cible. Il est donc fortement influencé par la gravité.

Ces missiles sont principalement conçus pour abriter une ou plusieurs têtes nucléaires. La marine américaine a imaginé les utiliser pour transporter des armes conventionnelles avant de se raviser, en raison de l’impossibilité de les distinguer d’une bombe nucléaire, ce qui peut entraîner une réplique atomique du pays ciblé.

L’Allemagne nazie, la première à développer des missiles balistiques

La Chine, elle, a adapté un de ses ICBM, le DF-21, au transport d’armes conventionnelles. En raison de la vitesse acquise au cours de l’accélération puis de la chute, de telles armes peuvent engendrer des dégâts importants.

Ce sont les Allemands qui ont développé les premiers des missiles balistiques pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils faisaient partie des Wunderwaffe, ces « armes miraculeuses » dont la propagande affirmait qu’elles allaient changer le cours de la guerre. Le premier à fonctionner est le fameux V2, en 1944.

Le premier ICBM est soviétique

Le premier ICBM est le R-7 Semiorka soviétique, qui parcourt 6 000 km en août 1957. Il sera utilisé pour lancer Spoutnik 1, le premier satellite artificiel de l’histoire. Les États-Unis lancent le SM-65 Atlas quelques mois plus tard, en décembre 1957.

→ ANALYSE. Le traité sur l’interdiction des armes nucléaires fissure l’Otan

Aujourd’hui, la Chine, les États-Unis, la France, la Russie, le Royaume-Uni, Israël et l’Inde disposent de missiles balistiques intercontinentaux. Certains peuvent être lancés depuis des bases fixes, d’autres depuis des dispositifs mobiles. Ils peuvent aussi être tirés depuis des sous-marins, comme c’est le cas pour l’arsenal français.

L’ICBM français le plus récent est le M51, en service depuis 2010. Lancé depuis la classe de sous-marin Le Triomphant, il peut contenir 10 têtes nucléaires. Chacune a une puissance de 100 kt, bien supérieure aux 15 kt de « Little Boy », la bombe nucléaire américaine larguée sur Hiroshima en août 1945.