Tribune. Alors que se multiplient les appels à la relance d’un programme électronucléaire en France, allant de la construction de nouveaux EPR à la mise en service de mini-réacteurs pour faire face à l’incapacité supposée des énergies renouvelables de répondre efficacement aux enjeux de la transition énergétique, il est utile de rappeler que ces dernières représentent au contraire aujourd’hui un véritable espoir.
Un des premiers savants à avoir pris toute la mesure du potentiel immense de l’énergie solaire pour répondre aux besoins de l’humanité est Augustin Mouchot (1825-1912), professeur de mathématiques au lycée de Tours, qui se lance en 1860 dans la création de machines « suffisamment puissantes transformant la chaleur en énergie mécanique ». Il crée alors des machines à vapeur fonctionnant grâce à la concentration de la lumière solaire, dont le symbole est l’imprimerie solaire présentée à l’Exposition universelle de 1878, pour laquelle il reçoit la médaille d’or et qui suscite une immense ferveur populaire. Il publiera en 1879 un ouvrage visionnaire, intitulé La Chaleur solaire et ses applications industrielles, véritable texte fondateur des applications industrielles de l’énergie solaire.
Il faudra attendre la moitié du XXe siècle pour que les applications industrielles de l’énergie solaire thermique reviennent sur le devant de la scène, en particulier en France, grâce à une personnalité hors du commun, Félix Trombe (1906-1985). C’est à son retour de détention en 1941 (il avait été fait prisonnier le 20 juin 1940) qu’il reprend le concept des fours solaires d’Augustin Mouchot pour atteindre de très hautes températures. Il mène ensuite, dans son laboratoire du CNRS à Meudon, des expériences à plus de 3 000 °C grâce, ironie de l’histoire, à un four utilisant un concentrateur solaire fabriqué à partir d’un ancien miroir de la DCA allemande.
Un grand programme pionnier
Puis, sous la conduite du CNRS, de grands projets sont lancés à partir de 1958 avec la construction, à Odeillo (Pyrénées-Orientales), d’un grand four solaire de 1 MW, qui fut inauguré en 1969. C’était alors la logique des grands projets chers au général de Gaulle, au même titre que le Concorde ou la conquête spatiale. Le programme de solaire thermique connaîtra son apogée avec le premier choc pétrolier, qui verra le lancement, en 1976, du programme Thémis, une centrale visant cette fois à produire de l’électricité, dont la construction fut achevée en 1983 à Targassonne, non loin d’Odeillo, avec le CNRS et EDF. A la pointe des technologies mondiales, le programme fut cependant brutalement arrêté en mai 1986, pour cause de pétrole peu cher et de nucléaire triomphant. On assiste aujourd’hui à son redémarrage au niveau international.
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