« Une première mondiale. » Pour monter en puissance dans sa campagne, le candidat de l’Union populaire Jean-Luc Mélenchon organisait son premier meeting « immersif et olfactif » à Nantes, dimanche 16 janvier. Une salle du parc des expositions a été entièrement transformée pour l’occasion. Pas moins de 75 techniciens ont été mobilisés pour monter une structure entourée de 200 mètres d’écran en toile, offrant une vision à 360 degrés, enrichie d’effets sonores et lumineux.

À l’intérieur, 3 000 personnes de tous âges, équipées gratuitement de masques FFP2, sont venues vivre cette expérience sensorielle. Il n’était pas évident de reconnaître les parfums diffusés (mélange d’iode et de fleurs) mais le coût de l’opération, lui, est connu : près de 300 000 €. « On voulait créer un moment fort en ce début d’année, explique Manuel Bompard, directeur de campagne.Nous ne sommes pas condamnés à une campagne morose et déprimante ! »

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La première partie du meeting, ouvert par Aurélie Trouvé, présidente du parlement de l’Union populaire et issue du mouvement altermondialiste, a été marquée par une série de prises de parole, agrémentées de vidéos sur les thèmes chers au chef de file des Insoumis : revalorisation des métiers du soin et du lien, féminisme, marches pour le climat, défense du savoir et de la culture… L’occasion, aussi, de mettre en avant deux ralliements : celui du député communiste Sébastien Jumel, puis celui d’Ali Rabeh, maire de Trappes et proche de Benoît Hamon.

Smic à 1 400 €

Arrivé sur scène sous les vivats de la foule, dans un décor de villes et villages verdoyants, Jean-Luc Mélenchon s’en est pris aux causes des crises sanitaire et climatique. « Rien de ce qui arrive ne l’est par fatalité. Toutes s’enracinent dans la question sociale et dans la cupidité du système capitaliste », a-t-il martelé, avant de rappeler les principales mesures de son programme : blocage des prix de première nécessité, partage des richesses « ferme et assumé », salaire minimum à 1 400 € nets, retraite à 60 ans, revenu étudiant, revalorisation des services publics…

Dans un discours d’une heure sans notes ni prompteur, Jean-Luc Mélenchon a immergé les spectateurs dans trois univers différents. L’espace d’abord. Debout entre la Terre et la Lune, ce chantre de la « créolité » a souligné que « vu de l’espace, le racisme est plus que jamais une absurdité ». Appelant à une « diplomatie altermondialiste », il a défendu la création d’un tribunal climatique international, souhaité la fin de la « marchandisation de l’espace » et prôné le « désarmement nucléaire ».

« Tortue électorale »

Dans un second tableau, consacré au numérique, il a appelé à une plus grande souveraineté dans ce domaine, à la protection de la liberté individuelle – « mise à mal par le passe vaccinal » – et défendu l’accessibilité numérique.

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Pour terminer, en troisième tableau, le candidat a immergé son public au milieu de la Méditerranée, assurant que la mer et son énergie pourraient, à terme, remplacer les centrales nucléaires. Dans le même mouvement, il a appelé à l’interdiction des pesticides et à la fin du plastique. Rappelant sa volonté de « marier stabilité des institutions et intervention du peuple », il a enfin annoncé son attachement au référendum d’initiative citoyenne et au droit de révocation des élus.

En réaction à la candidature de Christiane Taubira, Jean-Luc Mélenchon assure « ne pas se sentir concerné par les mésaventures du centre gauche ». Persuadé d’être le seul candidat de cette partie de l’échiquier à pouvoir accéder au second tour, il promet alors « d’accueillir tous ceux qui veulent participer à la mise en œuvre du programme ». Ce routard de la politique, dont c’est la troisième campagne présidentielle, s’est permis plusieurs traits d’humour. « Faites confiance à une tortue électorale sagace comme moi, lance-t-il, rigolard. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. J’ai déjà épuisé quelques lièvres… »

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Il appelle ses troupes à une marche « pour la VIe République et le partage des richesses » à Paris le 20 mars prochain et annonce le retour d’un meeting par hologramme le 5 avril prochain dans six villes de France en simultané.