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Nucléaire, éoliennes… Ce qu’il faut retenir de l’intervention d’Emmanuel Macron

Le chef de l’Etat a annoncé, jeudi, la construction de six réacteurs de type EPR 2, tout en affichant des objectifs ambitieux pour l’éolien marin et l’énergie solaire.

Le Monde

Publié le 10 février 2022 à 18h27, modifié le 10 février 2022 à 20h48

Temps de Lecture 5 min.

Emmanuel Macron lors de son discours sur le site de General Electric Steam Power à Belfort, le 10 février 2022 .

En visite à Belfort (Territoire de Belfort), Emmanuel Macron a annoncé, jeudi 10 février, un vaste plan de relance nucléaire, notamment avec l’objectif pour 2050 de construire six réacteurs nucléaires de type EPR 2.

Ces décisions à très long terme devraient aboutir à la mise en service de « vingt-cinq gigawatts de nouvelles capacités nucléaires d’ici à 2050 », une « révolution » justifiée par la hausse des besoins d’électricité. Ce sera une nette hausse par rapport aux 61 gigawatts du parc nucléaire français actuel, alors que la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie de 2020 prévoyait la fermeture d’une douzaine de réacteurs – les plus anciens.

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« Il nous faut reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France », a lancé le quasi-candidat à l’élection présidentielle, en ironisant sur ses adversaires qui « affirment que nous n’aurions pas besoin [du] nucléaire ». « La décennie passée a été marquée par un doute international sur le nucléaire, une période de glaciation [à la suite] évidemment [du] terrible événement à Fukushima », a-t-il reconnu. « Certaines nations ont fait des choix radicaux dans cette période [en tournant] le dos au nucléaire. La France n’a pas fait ce choix, elle a résisté mais elle n’a pas réinvesti parce que ce doute était là. » Mais, désormais, « il y a rupture du temps passé », les conditions sont maintenant réunies pour la « renaissance nucléaire ».

Voici les principales annonces faites par le chef de l’Etat.

  • Six réacteurs de type EPR 2 d’ici à 2050

M. Macron veut faire construire six réacteurs nucléaires de type EPR 2 d’ici à 2050, avec une mise en service du premier réacteur vers 2035. Il a en outre envisagé la perspective de huit EPR 2 supplémentaires, un projet qui fera l’objet d’études. Pour ces nouveaux réacteurs, « nous procéderons par paliers », a-t-il expliqué.

Au printemps dernier, EDF avait remis à l’exécutif sa proposition pour construire six EPR 2 sur des sites existants, par paires : d’abord à Penly (Seine-Maritime), près de Dieppe, puis à Gravelines (Nord) et enfin au Bugey (Ain) ou au Tricastin (Drôme).

Par rapport à l’unique EPR en construction en France, à Flamanville (Manche), qui a accumulé retards et surcoûts, l’EPR 2 est censé être « plus simple à construire », bénéficiant d’un effet de série (construction par paires) et de préfabrications en usine, selon EDF.

La Cour des comptes a souligné l’enjeu financier « majeur » que représenterait ce programme, avec un coût de construction de trois paires d’EPR 2 estimé à 46 milliards d’euros. Les magistrats ont aussi souligné récemment « une incertitude en termes de capacité à construire un nouveau parc de réacteurs dans des délais et à des coûts raisonnables ».

Ces EPR 2 seront complétés par de petits réacteurs modulables (SMR, pour small modular reactors) et des réacteurs « innovants » produisant moins de déchets, avec l’objectif de « 25 GW de nouvelles capacités nucléaires d’ici à 2050 », une « révolution » justifiée par la hausse des besoins en électricité.

  • Prolongation au-delà de cinquante ans de la durée de vie de « tous les réacteurs qui peuvent l’être »

Le chef de l’Etat veut « prolonger [la durée de vie de] tous les réacteurs qui peuvent l’être », au-delà de cinquante ans si possible, une volte-face par rapport aux objectifs de 2018 d’en fermer quatorze d’ici à 2035. « J’ai pris deux décisions fortes : prolonger tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l’être, sans rien céder sur la sûreté » et « qu’aucun réacteur nucléaire en état de produire ne soit fermé à l’avenir (…), sauf raison de sûreté », a-t-il dit, précisant avoir demandé à EDF d’« étudier les conditions de prolongation au-delà de cinquante ans ».

  • Sur la vente des turbines à General Electric en 2015

« C’était ça ou l’arrêt. » M. Macron s’est longuement justifié au sujet de la vente, en 2015, à l’américain General Electric (GE) de l’usine Alstom de Belfort produisant des turbines équipant les centrales nucléaires. Alors que le rachat du site par EDF a été officialisé jeudi, le chef de l’Etat est revenu sur les conditions qui ont conduit à la cession des activités, enclenchée quand il était secrétaire général adjoint de l’Elysée (2012-2014) et achevée lorsqu’il était ministre de l’économie (2014-2016).

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« J’étais collaborateur [de François Hollande] à l’époque », a-t-il rappelé, « et ce n’était pas l’Etat qui était à la tête d’Alstom ». « C’était le choix d’une entreprise privée », a affirmé M. Macron. Soulignant que le ministre de l’économie de l’époque, Arnaud Montebourg, avait été mis au courant de la transaction « très tard » et lorsque « les documents étaient signés », M. Macron a insisté sur la volonté du gouvernement d’alors de trouver d’autres solutions, sans succès. « Malgré tout cela, avec une certaine amertume, l’opération s’est faite », a-t-il dit.

Le président de la République a ensuite évoqué la période où il était ministre de l’économie : « C’était ça ou l’arrêt. J’ai défendu que c’était mieux que la suppression complète des activités ou le choix de désinvestir. C’est la vie industrielle. »

M. Macron a aussi argué que cette vente avait « évité » à Alstom « de s’effondrer ». « Cette aventure n’aurait pas été possible s’il n’y avait pas eu, à ce moment-là, ce qui était quasiment un sauvetage », a-t-il dit, affirmant que « la viabilité » du groupe était à l’époque mise en péril.

  • Implanter cinquante parcs éoliens en mer pour 2050

M. Macron a annoncé l’objectif de doter la France d’une cinquantaine de parcs éoliens en mer pour « viser 40 gigawatts en service en 2050 », un seuil très ambitieux. Autre objectif : multiplier par deux la capacité de l’éolien terrestre, une augmentation plus lente que prévu.

Afin de doubler la production issue des énergies renouvelables électriques d’ici à 2030, il a aussi appelé à multiplier « par près de dix la puissance installée » de l’énergie solaire « pour dépasser 10 gigawatts ». « Il nous faut développer massivement les énergies renouvelables », a-t-il dit, « tout simplement parce que c’est le seul moyen de répondre à nos besoins immédiats en électricité là où il faut quinze ans pour construire un réacteur nucléaire ».

Il faut « avoir l’honnêteté de reconnaître que nous avons pris du retard », a ajouté le chef de l’Etat. M. Macron a notamment mis en cause la multiplication « des couches réglementaires » qui ont « retardé les projets », évoquant « cinq ans de procédure » pour faire naître un parc solaire. Il a également dit vouloir lever « toutes les barrières réglementaires à partir du moment où les projets seront acceptés localement ».

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