Le télescopage n’est pas fortuit. Alors que la commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires, mise en place à l’initiative de la députée (La République en marche) de la Somme Barbara Pompili, rend ses conclusions, jeudi 5 juillet, un drone habillé du costume de Superman et piloté par des militants de Greenpeace a survolé, mardi 3 juillet au matin, la centrale du Bugey (Ain), avant de se « crasher » contre le mur de la piscine d’entreposage de combustible usé.
Cette commission a justement été créée après un rapport de l’ONG qui, en octobre 2017, alertait sur les failles dans la sécurité des centrales atomiques françaises et, plus particulièrement, de leurs piscines de combustibles usés. Dans son rapport, la commission ne révèle pas de faits nouveaux, mais elle déroule une longue liste d’interrogations et de doutes sur les difficultés du parc nucléaire.
« Il y a une conscience du risque, et certaines leçons de [la catastrophe de] Fukushima [en mars 2011] ont été tirées », a expliqué au Monde la rapporteuse, Barbara Pompili, ancienne membre d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV). « Mais le parc nucléaire français comporte plus de fragilités que je ne le pensais », s’inquiète la présidente de la commission du développement durable à l’Assemblée nationale, qui s’est notamment rendue à Fukushima avec certains de ses collègues. « Il s’agit d’un débat politique, et ces questions ne sont pas assez posées collectivement », ajoute-t-elle.
Le rapport est d’ailleurs remis au président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, au moment où le gouvernement prépare une première version de la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui doit, notamment, fixer les équilibres entre renouvelables et nucléaire pour les dix ans à venir.
Au terme de ce travail, les centrales nucléaires sont-elles jugées sûres ? Le rapport ne répond pas de façon tranchée à cette question. Il souligne plutôt une série de fragilités.
- Des centrales qui ne sont pas à l’abri du risque terroriste
« Les installations nucléaires françaises semblent souffrir d’une faille originelle à laquelle il sera difficile de remédier : elles n’ont pas été conçues pour résister à une agression de type terroriste », écrit le rapport.
Malgré les auditions de plusieurs hauts gradés, les parlementaires se sont souvent heurtés au secret-défense et n’ont pu accéder à un certain nombre d’informations. La question de la résistance des piscines d’entreposage n’a ainsi pas obtenu de réponse définitive ; les tests menés par l’armée sur la solidité de leurs murs en cas d’attaque terroriste ont été jugés rassurants mais n’ont pas été détaillés.
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