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Emmanuel Macron veut faire renaître le nucléaire français

A deux mois de l'élection présidentielle, le chef de l'Etat annonce une volte-face sur sa politique énergétique. Pour atteindre la neutralité carbone, il veut construire 14 réacteurs EPR et prolonger au-delà de cinquante ans la durée de vie des réacteurs existants.

En visite à l'usine General Electric de Belfort, Emmanuel Macron a détaillé le plan de relance du nucléaire civil.
En visite à l'usine General Electric de Belfort, Emmanuel Macron a détaillé le plan de relance du nucléaire civil. (Jean-François Badias/POOL/AFP)

Par Sharon Wajsbrot

Publié le 10 févr. 2022 à 16:31Mis à jour le 10 févr. 2022 à 21:39

« Le temps de la renaissance du nucléaire est là ». C'est depuis l'ex-usine d'Alstom de Belfort , avec dans son dos les rouages d'acier gigantesques de la turbine Arabelle, symbole du savoir-faire français dans le nucléaire civil, qu'Emmanuel Macron a choisi d'annoncer son projet d'une relance franche de l'atome en France.

Pour faire baisser de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 en France et atteindre la neutralité carbone en 2050 - le « chantier du siècle » de l'énergie, dit-il  , Emmanuel Macron a annoncé avoir pris deux décisions fortes : « prolonger la durée de vie de tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l'être […] et lancer dès aujourd'hui un programme de nouveaux réacteurs », soit six EPR2 dès à présent et potentiellement huit nouveaux exemplaires dans les années à venir. Le chef de l'Etat qui n'est même pas encore officiellement candidat à sa propre succession enjambe ainsi opportunément l'échéance électorale qui se profile dans tout juste deux mois…

VIDEO. Six nouveaux réacteurs nucléaires annoncés par Emmanuel Macron

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Défi gigantesque

Concrètement, EDF devra étudier avec l'Autorité de sûreté nucléaire le prolongement de la durée de vie de ses réacteurs au-delà de cinquante ans. Et le gouvernement entend engager « dès les semaines à venir » les travaux préparatoires pour ce programme.

Pour EDF qui peine toujours à mettre en service son premier EPR français, celui de Flamanville, c'est un défi gigantesque qui se profile. De fait, construire 14 EPR, faisait figure de scénario de mise en chantier le plus ambitieux étudié par le gestionnaire de réseau électrique RTE dans ces différents scénarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

« Si nous voulons respecter nos engagements climatiques, réduire notre dépendance aux cours mondiaux, assurer le développement industriel de notre pays et maîtriser la facture d'énergie des Français, nous devons engager sans attendre des chantiers structurants pour notre économie […]. Le monde de demain sera plus électrique. Nous devons être en mesure de produire jusqu'à 60 % d'électricité en plus qu'aujourd'hui », a justifié Emmanuel Macron, qui mise sur deux autres piliers pour atteindre la neutralité carbone. Les économies d'énergie et les énergies renouvelables.

Coup de frein sur l'éolien terrestre

Le solaire en particulier devra voir ses capacités multipliées par 10 d'ici à 2050 pour atteindre 100 GW de capacité de production . Face aux fortes protestations concernant le déploiement de l'éolien terrestre, Emmanuel Macron bat en revanche fortement en retraite : les objectifs fixés initialement pour 2030 ne devront finalement être atteints qu'en… 2050.

Charge donc à l'éolien en mer de prendre le relais pour compenser. Sur ce sujet, le chef de l'Etat se veut toujours très ambitieux puisqu'il table sur 50 parcs en fonctionnement d'ici à 2050, soit 40 GW de capacités de production. Un vrai tour de force pour un pays qui n'a pas encore réussi à inaugurer un champ d'éoliennes en mer.

Si les ingrédients de la nouvelle politique énergétique d'Emmanuel Macron n'ont pas changé, la dose de chacun dans le cocktail énergétique a, elle, nettement évolué. Les objectifs affichés marquent même une volte-face très nette avec la stratégie déclinée jusque-là par le gouvernement. Pour mémoire, c'est Emmanuel Macron qui a confirmé, il y a deux ans, la fermeture de la centrale alsacienne de Fessenheim. Et dans la dernière programmation pluriannuelle de l'énergie, le gouvernement misait aussi sur la fermeture de plusieurs réacteurs nucléaires dans les années à venir.

Malgré cette promesse d'une relance sans précédent de l'atome, sa part dans le mix électrique français devrait dans tous les cas décroître. De fait, même avec la construction de 14 réacteurs EPR supplémentaires et le prolongement de la durée d'exploitation des réacteurs qui pourront l'être, l'Elysée table sur 40 % de nucléaire dans le mix électrique français à l'horizon 2050. Contre 70 % actuellement.

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Sharon Wajsbrot @Sharonwaj

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