Des panneaux solaires d’une capacité totale de 973 MWc ont été mis en service l’année dernière en France. Pendant la même période, la Belgique dont la population est six fois plus faible, a installé 1036 MWc. Comment une telle différence de performance s’explique-t-elle ?

Selon le Ministère de la Transition écologique, le nombre d’installations a été stable en France en 2020 avec 973 MWc de photovoltaïque nouvellement mis en service, soit 11 MWc de plus qu’en 2019. Les équipements de toiture de petite taille (moins de 9 kW) ont constitué 85% du nombre des nouvelles installations, tandis que 1% seulement des demandes de connexions concernaient des centrales de plus de 250 kW.
En termes de production, la puissance totale installée du pays – 10,9 GW – a permis de produire 12,9 TWh, soit 2,9% de la demande totale d’électricité en France.

Effet d’aubaine en Belgique

Par ailleurs, en Belgique, la capacité totale installée du parc photovoltaïque est passée de 5 GWc à 6  GWc. Les Belges ont donc installé environ 1 GWc en 2020, soit un peu plus qu’en France, un pays six fois plus peuplé, mais aussi plus ensoleillé sur une bonne moitié du territoire.
La Belgique augmente ainsi sa puissance solaire installée de 20% en un an seulement.
Une telle performance s’explique par un effet d’aubaine, car les trois régions du pays (Flandre, Wallonie et Bruxelles) vont progressivement adapter le mécanisme du « compteur qui tourne à l’envers », aussi appelé principe de compensation.

Un soutien moins généreux

La « compensation » était un mécanisme de soutien mis en place il y a presque 20 ans en Belgique pour inciter les particuliers à s’équiper d’une installation photovoltaïque.
Selon ce principe, limité aux installations de 10 kWc maximum, l’excédent d’électricité solaire injecté dans le réseau lorsqu’il n’y a pas d’autoconsommation est déduit de la facture annuelle d’électricité. En pratique, le compteur « tourne à l’envers » lorsque l’électricité produite est injectée. Un système généreux qui permet, lorsque l’installation est adéquatement dimensionnée, d’annuler facilement le montant de cette facture.

Mais la directive européenne « Electricity market design » de 2019 incite les Etats membres à abandonner ce mécanisme d’ici 2023. L’objectif de la directive est de faire contribuer également les détenteurs de panneaux solaires aux frais du réseau. Ceux-ci étant proportionnels à la quantité d’électricité facturée, les prosumers (contraction de producteur et consommateur) astucieux pouvaient en être largement exemptés alors qu’ils utilisent pourtant ce réseau lorsque leur production solaire est inférieure à leur consommation ou lorsqu’ils injectent le surplus.

La Belgique étant un état fédéral, les nouvelles mesures varient d’une région à l’autre, mais le résultat est le même : elles mettront progressivement en place une redevance annuelle proportionnelle à la puissance électrique de l’installation solaire.
A l’annonce faite par la Flandre de garantir le maintien intégral du mécanisme de compensation pendant 15 ans si l’installation se faisait avant fin 2020, il s’en est suivi une ruée vers les panneaux solaires dans le nord du pays, où le taux d’installation annuelle a bondi de 45%.

La Flandre, à elle seule, a installé 800 MWc en 2020, la Wallonie 140 MWc, et Bruxelles 50 MWc, battant également son propre record.
Mais le plus cocasse est que finalement cette décision de la région flamande a été invalidée en janvier 2021 par la cour constitutionnelle. Ceci implique que les propriétaires flamands de panneaux solaires devront bel et bien payer une redevance réseau pour l’utilisation effective de celui-ci.

En 2020, le solaire a produit en Belgique 5,3 TWh d’électricité, ce qui représente un peu plus de 6% de la consommation finale d’électricité (82 TWh), et 30% de la consommation résidentielle.

Des objectifs trop timides

Les objectifs belges de production photovoltaïque ont régulièrement été dépassés : celui qui avait été fixé pour 2020 a été atteint dès 2011. Revu ensuite à 5 GWc pour fin 2020 il a donc largement été dépassé lui aussi.
Aujourd’hui, le pays vise une capacité installée en solaire photovoltaïque de 11 GWc à l’horizon 2030. Mais selon l’APERe[1], un objectif de 22 GWc pourrait être atteint, si l’on se base sur les quatre dernières années qui ont vu un taux d’installation variant entre 650 et 700 MWc par an. D’autant que le potentiel de baisse des prix des panneaux solaires devrait stimuler le marché.

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[1] Association pour la Promotion des Energies Renouvelables, Bruxelles.