Des contrôles sur les autres réacteurs nucléaires envisageables après l'arrêt de deux centrales
Le groupe EDF a annoncé mercredi 15 décembre qu'il allait interrompre la production de la centrale nucléaire de Chooz (Ardennes), pour un peu plus d'un mois. Une décision qui fait suite à la détection de défauts à proximité de circuits de refroidissement de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne), équipée du même type de réacteurs.
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Mis à jour
16 décembre 2021
« A titre préventif » et en vue d'une série de contrôles, EDF procédera à la mise à l'arrêt du réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Chooz (Ardennes) jeudi 16 décembre et du réacteur n°1 samedi, pour des redémarrages prévus le 23 janvier. Dans un communiqué, le producteur d'électricité a expliqué avoir pris cette décision après avoir détecté des défauts à la centrale de Civaux (Vienne), qui possède des réacteurs de même technologie.
Repérés lors du réexamen périodique de la centrale (« visite décennale »), ces défauts étaient situés à proximité de soudures des tuyauteries des circuits d'injection de sécurité, des systèmes de sauvegarde permettant d'assurer le refroidissement des réacteurs en cas d'accident. Selon une source au fait du sujet, les défauts sont liés à une corrosion anormale des équipements, une information qu'EDF n'a pas souhaité commenter.
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source1 TWh en moins
Après avoir informé l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le groupe avait décidé le 19 novembre d'interrompre complètement la production d'électricité à Civaux. L'entreprise veut aujourd'hui remplacer les pièces concernées, ce qui prolongera l'arrêt du réacteur n°1 jusqu'à fin avril - au lieu de début mars - et celui du réacteur n°2 jusqu'à fin mars - au lieu du 24 décembre - selon les données diffusées par le Réseau de transport d'électricité (RTE).
L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a souligné que ce défaut, en cas d'évolution, aurait pu « conduire à une fuite ou à une rupture ». L'établissement public, sur lequel l'ASN s'appuie pour prendre ses décisions, a également indiqué que « des actions de contrôle pourraient s'avérer nécessaires sur les autres réacteurs en exploitation » du parc d'EDF.
La prolongation de l'arrêt des deux réacteurs de Civaux et la mise à l'arrêt des deux unités de Chooz entraînent pour EDF une perte de production d'environ 1 térawatt-heure (TWh) sur la fin de 2021. A titre comparatif, les centrales nucléaires françaises avaient produit 380 TWh en 2019. Cet événement conduit le groupe à revoir son estimation d'Ebitda dans une fourchette comprise entre 17,5 et 18 milliards d'euros, alors qu'il tablait précédemment sur un chiffre supérieur à 17,7 milliards. A la suite de ces annonces de mercredi, le cours de l'action EDF chutait de près de 12% à la Bourse de Paris en milieu de journée.
25% DU PARC À L'ARRÊT
Ces indisponibilités des quatre réacteurs de 1 450 mégawatts (MW) du parc français risquent de fragiliser la sécurité d'approvisionnement en électricité du pays alors que RTE avait prévenu en novembre qu'une « vigilance particulière » s'imposerait cet hiver, notamment en janvier et février, en cas de vague de froid et « de conditions défavorables sur le parc de production ». Le gestionnaire public devrait actualiser ses prévisions pour le système électrique français fin décembre et courant janvier pour prendre en compte les dernières informations sur la disponibilité des réacteurs nucléaires et les prévisions météorologiques.
La disponibilité du parc nucléaire français a souffert ces dernières années des visites décennales des installations mais aussi de la crise sanitaire du Covid-19, qui a contraint EDF à revoir en profondeur son programme de maintenance. Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'Industrie, a justement estimé mardi lors d'un colloque sur l'électricité que la France devait « relever [son] niveau d'exigence » en matière de disponibilité de son parc nucléaire. Mercredi, environ 25,3% des capacités du parc nucléaire français étaient à l'arrêt.
Par ailleurs, la détection de défauts à la centrale de Civaux et l'arrêt de celle de Chooz interviennent alors qu'Emmanuel Macron a annoncé début novembre son intention de relancer la construction de réacteurs nucléaires en France, sans toutefois préciser le nombre ou le type d'unités envisagées, ni leur financement.
Avec Reuters (Benjamin Mallet, édité par Jean Terzian)
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