ENERGIEEmmanuel Macron, un candidat clairement pro-nucléaire ?

Présidentielle 2022 : Emmanuel Macron, un candidat clairement pro-nucléaire ?

ENERGIELe chef de l’Etat pourrait annoncer mardi le lancement de petits réacteurs, alors que l’atome s’invite dans ce début de campagne présidentielle
Emmanuel Macron à l'usine Framatome, au Creusot, le 8 décembre 2020.
Emmanuel Macron à l'usine Framatome, au Creusot, le 8 décembre 2020. - Laurent Cipriani/AP/SIPA  / SIPA
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Emmanuel Macron présente mardi prochain « France 2030 », un plan d’investissement de plusieurs dizaines de milliards d’euros fléchés vers « une dizaine de secteurs d’avenir ».
  • Le chef de l'Etat devrait soutenir à cette occasion le financement de petits réacteurs nucléaires – des SMR (« Small Modular Reactor ») – pour épauler les centrales existantes.
  • Alors que la question énergétique s'impose dans ce début de campagne présidentielle, le président sortant devra se positionner sur la place de l'atome dans le mix électrique.

Après la déclaration, les preuves d’amour pour le nucléaire ? Emmanuel Macron présente mardi prochain à l’Elysée « France 2030 », un plan d’investissement de plusieurs dizaines de milliards d’euros fléchés vers « une dizaine de secteurs d’avenir ». Selon Europe 1, le chef de l’Etat devrait soutenir à cette occasion le financement de petits réacteurs nucléaires – des SMR (« Small Modular Reactor ») – pour épauler les centrales existantes.

Dans un contexte d’envolée des prix du gaz et de l'électricité, la souveraineté énergétique s’est invitée dans ce début de campagne présidentielle, obligeant les candidats à se positionner sur la place de l'atome dans le mix électrique. A six mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron fera-t-il campagne pour le nucléaire ?

Depuis 2017, Emmanuel Macron brouille les pistes

Depuis le début du quinquennat, le président ménage la chèvre et le chou en la matière. En novembre 2018, il confirme la fermeture pour 2020 des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim, reprenant la promesse faite par son prédécesseur, François Hollande, aux écologistes. Le gouvernement défend alors « une étape clé dans l’engagement porté par la France de réduire à 50 % [contre 70 % aujourd’hui] la part du nucléaire dans la production d’énergie », prévoyant la fermeture de 12 autres réacteurs à l'horizon 2035. L’objectif : développer les énergies renouvelables, en multipliant « par deux la part de l’éolien et par cinq la part du photovoltaïque dans les dix prochaines années » .

Mais en décembre 2020, au Creusot, le président de la République déclare sa flamme pour l'atome, « un pilier de notre mix énergétique dans les années à venir ». Mais sur la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires, Emmanuel Macron préfère temporiser. La décision sera prise, dit-il ce jour-là, « au plus tard en 2023, lorsque Flamanville sera entrée en service ». Un signe d’hésitation ? « Macron a deux choix stratégiques pour la campagne. Soit il annonce la construction des EPR et coupe l’herbe sous le pied des candidats de droite. Soit il continue son jeu écolo, pour tenter de récupérer Jadot », analyse Julien Aubert, député LR pro-nucléaire du Vaucluse.

Pression de la droite et du RN

Car à droite de la Macronie, de Xavier Bertrand à Valérie Pécresse, d’Eric Zemmour à Marine Le Pen, tous font campagne sur l’atome. Sous pression, l’exécutif a donc accéléré son calendrier. La ministre déléguée à l’Industrie Agnès Pannier-Runacher a finalement annoncé le 1er octobre que la construction des six nouveaux EPR pourrait être lancée avant 2023. Un changement de pied du chef de l’Etat ?

« Il n’y a aucune ambiguïté sur la position d’Emmanuel Macron », assure Jean-Charles Colas-Roy, député LREM de l’Isère et référent pour la transition écologique. « Ce n’est pas parce qu’on souhaite développer les énergies renouvelables qu’on ne peut pas investir dans le nucléaire, qui est une chance pour la France. On doit entretenir notre parc historique et développer les nouvelles technologies, pour être prêts à l’horizon 2030-40 », souligne l’élu, qui rappelle que le plan de relance post-Covid-19 prévoit déjà une enveloppe de 470 millions d'euros pour le nucléaire.

Les écolos grimacent

Pour répondre à la hausse de consommation électrique des prochaines années sans augmenter le niveau de CO2, l’exécutif pourrait donc miser sur l’atome. Et faire de la filiale nucléaire un élément fort de la future campagne présidentielle, au risque de décevoir les écologistes. « En misant sur les EPR et le SMR, Emmanuel Macron fait clairement le choix du nucléaire, contrairement aux promesses du début de mandat. Mais il rate le principal enjeu, la sobriété énergétique, le changement de modèle pour baisser notre consommation », regrette le député écologiste Matthieu Orphelin, ex-LREM. « Macron a compris qu’il aurait du mal à séduire l’électorat jeune et écolo. Il s’aligne donc sur les positions de la droite conservatrice », ajoute ce soutien de Yannick Jadot.

La question a semblé embarrasser la ministre de la Transition écologique, ex-EELV, vendredi sur Europe 1. « D’ici à 15 ans, on n’a pas le temps de construire une centrale nucléaire. Donc il n’y a qu’une seule solution : des énergies renouvelables, massivement », a plaidé Barbara Pompili, renvoyant toute décision sur le nucléaire à la publication des rapports de RTE sur les scénarios possibles pour 2050, attendu le 25 octobre.

Un « en même temps énergétique » qui s’explique peut-être par le fort clivage dans l’opinion. Selon un sondage Ifop publié la semaine dernière par le JDD, 51 % des Français sont favorables à la création de nouveaux réacteurs, contre 49 % défavorables.

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