Le conseil de politique nucléaire du 3 février a proposé, à moins qu’il ne s’agisse d’une décision, de démanteler l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et d’en regrouper les forces au sein de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour la partie expertise et du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) pour la recherche.
L’IRSN a été créé en 2002 comme établissement public autonome à statut d’établissement public à caractère industriel et commercial, à partir de deux entités : l’Office de protection contre les rayonnements ionisants, qui était chargé de la radioprotection, et l’Institut de protection et de sûreté nucléaire, service du CEA doté d’une gouvernance propre et d’un directeur, mais pas autonome. L’idée de départ était de mettre en place un institut expert de l’ensemble des risques nucléaires, y compris ceux liés à la défense et à la radioprotection, indépendant des décideurs et des promoteurs des technologies nucléaires.
On notera que cet institut a été créé et reste financé par le budget de la recherche publique. L’IRSN est donc expert des risques nucléaires sanitaires et environnementaux, et organisme de recherche sur les questions qui nourrissent son expertise. Il est en revanche strictement séparé des opérateurs du nucléaire comme EDF, de la recherche sur les technologies du nucléaire comme le CEA et de la décision qui est de la responsabilité de l’ASN. Cette stricte séparation est une règle de base de l’expertise.
Leadership mondial de la France
Trois dimensions : indépendance, recherche, ouverture à la société fondent l’expertise et la crédibilité de l’IRSN. Sa recherche est reconnue comme de très haut niveau, en particulier dans le domaine des impacts sanitaires et environnementaux des faibles doses. Sa compétence en épidémiologie et en radioprotection est internationalement reconnue. Il est évalué par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur. Il participe à plusieurs projets et réseaux internationaux comme le réseau Etson (qui réunit les organismes techniques de sûreté européens).
C’est cela qui lui permet de ressourcer son expertise par les éléments de connaissance et les technologies les plus actuels, de lancer des investigations pour résoudre les questions encore non ou mal résolues, d’adapter les méthodes d’évaluation des risques aux nouveaux enjeux et à l’évolution des technologies nucléaires, de coopérer avec les meilleurs spécialistes de son domaine à l’échelle planétaire, d’accueillir en son sein des experts de très haut niveau, issus de la recherche et souvent exerçant parallèlement les deux métiers d’expert et de chercheur ; enfin, de contribuer au leadership mondial de la France dans le domaine de la sûreté nucléaire.
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