2300 entreprises industrielles concernées par d’éventuelles coupures d'énergie
Interruptibilité, effacement, délestage… En cas de grand froid cet hiver, et d’un manque de gaz et d’électricité, les outils de flexibilité des gestionnaires de réseau d’électricité et de gaz pourraient ne pas suffire. Des coupures subies pourraient avoir lieu.
Pour éviter une panne de courant cet hiver, aux heures les plus tendues, il va falloir baisser la consommation « de l’ordre de 15% », estime Xavier Piechaczyk, le président du gestionnaire de transport d’électricité RTE. Les outils de flexibilité, qui permettent de conserver une tension de 50 Hz quoi qu’il arrive, ne suffiront pas. Cette année, le volume de contrats d’interruptibilité signés (qui permettent à RTE d’interrompre un ou plusieurs consommateurs industriels disposant d’une puissance souscrite de soutirage supérieure à 25 MW en moins de 5 secondes) ne s’élève qu’à 1 130 MW, soit la consommation d’une ville comme Marseille.
En cas de déficit brutal de production, RTE peut aussi faire appel à certains de ses clients industriels, contractualisés à l’issue d’un appel d'offres annuel, et engagés à réduire exceptionnellement et temporairement leurs activités, donc leurs besoins en électricité. C’est l’effacement. En 2022, RTE dispose d’une réserve de 3,3 GW, contre 4 GW en 2021 et près de 10 GW en 2020. Pour 2023, le volume maximal d’effacement que RTE pourra contractualiser s’élèvera (avec l’accord de Bruxelles) à 8 011 MW, dont 5 109 MW réservés aux sites de puissance souscrite inférieure ou égale à 1 MW. Pour la première fois, ces sites pourront candidater pour des durées allant de un à dix ans, indique RTE sur son site.
Les verriers et Orange épargnés
Des outils similaires existent pour le gaz. Lors de la publication du décret délestage gaz, en mai 2022, GRTgaz indiquait que ses contrats d’interruptibilité chez ses clients gros consommateurs représentaient 7% du volume de gaz qu’il transportait. Chez le distributeur GRDF, 130 clients bénéficient d'une incitation financière pour réduire ou stopper leur consommation en moins de 24 heures.
Pour mémoire, le décret délestage gaz prévoit que les préfets pourront demander aux organisations utilisant plus de 5 GWh de gaz par an, soit environ 5 000 utilisateurs sur le territoire, d’interrompre leur consommation. La quasi-totalité des 700 clients les plus importants de GRTgaz seraient concernés. Chez GRDF, ils seraient 3 700. 1 650 d'entre eux pourraient réduire en partie ou en totalité leurs besoins de gaz en moins de deux heures sans impact significatif. Pour plus d’efficacité, les mesures de délestage concerneront d’abord les industriels gazo-intensifs, à savoir les aciéries, les tuileries, les papetiers, les chimistes et certains acteurs du tertiaire.
Conséquence : « dans le scénario du pire, 2 300 entreprises industrielles sont concernées par d'éventuelles coupures et chacune d'entre elles a été contactée », indique Bercy. Des entreprises clés échapperont à ces délestages selon trois critères : l'impact environnemental, la protection de l'outil industriel comme celui des verriers, et enfin le caractère stratégique, comme les télécommunications. Orange est donc à l’abri. Reste que pour éviter ces mesures, les entreprises sont appelées à tout faire pour réduire encore leur consommation cet hiver.