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EDF : perte historique de 5 milliards provoquée par les difficultés du nucléaire

La chute de la production nucléaire entraîne les comptes d'EDF largement dans le rouge au premier semestre. Compte tenu de la nouvelle flambée des prix de l'énergie, le deuxième semestre pourrait être bien plus difficile encore pour le groupe.

L'état des centrales nucléaires d'EDF pèse lourdement sur le dos d'EDF.
L'état des centrales nucléaires d'EDF pèse lourdement sur le dos d'EDF. (AFP)

Par Sharon Wajsbrot

Publié le 28 juil. 2022 à 08:12Mis à jour le 28 juil. 2022 à 17:46

En cette période de flambée des prix de l'électricité, le premier semestre aurait pu être une source de profits historiques pour EDF qui détient une des plus larges flottes de réacteurs nucléaires du monde. Mais la facture exorbitante de la mise à l'arrêt des réacteurs du groupe touchés par la corrosion a au contraire provoqué une perte massive.

Sur les six premiers mois de l'année, EDF affiche certes une progression de son chiffre d'affaires de 66 %, à 66 milliards d'euros. Mais son bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) s'effondre littéralement, à 2,7 milliards d'euros, contre 10,6 milliards d'euros atteints il y a un an. Le résultat net part du groupe d'EDF passe largement en territoire négatif, avec une perte de 5,3 milliards d'euros.

« Y a-t-il déjà eu dans l'histoire d'EDF un semestre dont les chiffres étaient aussi négatifs ? J'en doute beaucoup », a reconnu le PDG du groupe, Jean-Bernard Lévy, qui présentait probablement ce jeudi ses derniers comptes semestriels avant de passer la main à son successeur.

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De l'électricité achetée au prix fort sur les marchés

La mise à l'arrêt des douze réacteurs touchés par la corrosion a entraîné une perte de revenus opérationnels de 7,3 milliards d'euros. Les mesures gouvernementales (hausses des volumes d'électricité nucléaire vendus à prix régulé, plafonnement des prix, etc.) ont entraîné par ailleurs une perte opérationnelle de 6,2 milliards d'euros. Enfin, la sécheresse a provoqué une chute de production hydraulique et une autre perte opérationnelle, de 1,4 milliard d'euros.

Au premier semestre, la production d'électricité nucléaire a reculé de 15 % et celle issue de ses barrages de 23 %. Pour EDF, le manque de production nucléaire conjugué à la crise ukrainienne et à la flambée des prix engendre une mécanique infernale. Faute de production suffisante pour servir ses clients, EDF rachète chaque mois de l'électricité sur le marché. Or la facture ne cesse de s'alourdir car les prix sur les marchés de gros de l'électricité ne cessent d'augmenter.

Malheureusement, le deuxième semestre devrait être bien pire encore pour les comptes d'EDF. « Nous attendons un Ebitda significativement plus faible qu'au premier semestre », a indiqué Xavier Gire, le directeur financier du groupe. Au total, sur l'année, l'impact du manque de production nucléaire sur l'Ebitda est estimé à 24 milliards d'euros, contre 18 milliards attendus jusqu'à présent.

Le groupe vise toujours une production d'électricité nucléaire comprise entre 280 et 300 térawattheures (TWh) en 2022, puis entre 300 et 330 TWh en 2023. Une part significative de celle-ci risque à nouveau d'être mobilisée pour faire baisser les prix de l'électricité en France, via la hausse des volumes vendus au prix régulé prévu par le mécanisme « Arenh ».

Spirale infernale

« Il nous semble qu'un plafond d'Arenh à 135 TWh pour 2024 et 2025 serait un compromis raisonnable. On entend l'inquiétude manifestée à l'Assemblée nationale et au Sénat. Je déposerai peut-être un amendement en ce sens », a toutefois indiqué mercredi la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, au Sénat. Actuellement, le plafond maximum d'électricité nucléaire qu'EDF peut vendre à ses concurrents est de 150 TWh.

Pour enrayer la spirale infernale, EDF va enclencher son plan de réparations et de contrôles de ses centrales touchées par la corrosion. Celui-ci vient d'être validé par l'Autorité de sûreté nucléaire. Le groupe doit aussi très prochainement sortir de la Bourse et revenir à 100 % dans le giron de l'Etat. Une première étape à une restructuration qui pourrait être bien plus large.

3 choses à savoir sur le parc nucléaire français

Sharon Wajsbrot @Sharonwaj ( )

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