Une alerte. A 12h 10 jeudi, le système de sécurité d’urgence du réacteur numéro 5 de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, située dans la ville d’Enerhodar dans le sud de l’Ukraine, s’est déclenché, entraînant son arrêt progressif. Un peu plus de deux heures plus tard, à 14 h 30, le dernier des six réacteurs encore en fonctionnement s’est arrêté à son tour, toujours à cause du système de sécurité d’urgence. «On est passé très près de la catastrophe. Depuis trente-cinq ans, on n’en avait jamais été aussi proches», confie le soir même un chef d’équipe sur le pont ce jour-là, que Libération a pu joindre par téléphone via une application sécurisée. L’homme, qui demande à rester anonyme, vit toujours dans cette ville au bord du Dniepr, occupée depuis début du mois de mars par l’armée russe. Et comme nombre de ses collègues, il continue d’aller travailler, malgré les risques, pour déjouer un scénario catastrophe, qui suscite l’inquiétude bien au-delà des frontières de l’Ukraine.
«La situation s’est terriblement dégradée depuis trois semaines. On se rapproche tous les jours un peu plus d’un scénario comme à Fukushima», insiste ce manager, d’une voix fatiguée, souvent coupée par une connexion mobile très défaillante. La situation a été jugée suffisamm