Privatisation. Les énergéticiens sous les fenêtres de Bruno Le Maire

Les agents étaient rassemblés, jeudi, devant le ministère pour dénoncer le projet de vente à la découpe du service public.

Des bleus jetés à terre en signe de contestation. Devant le ministère de l’Économie, un ballon CGT gonflable surplombait, jeudi, le rassemblement des énergéticiens pour protester contre le projet Hercule de démantèlement d’EDF. Partout en France, un mouvement de grève se déroulait au même moment à l’appel de la CGT, de la CFE-CGC, de FO et de la CFDT. Cette séparation en trois entités, bleue, azur et verte, du géant français ouvre la voie à la privatisation d’une partie de la distribution de l’électricité, à hauteur de 35 %. « Ils veulent éclater notre service public, déplore Francisco, technicien EDF. À terme, on craint de perdre notre savoir-faire et nos activités. »

Du côté des gaziers, les perspectives ne sont pas plus réjouissantes. Le plan  Clamadieu, du nom de son président, vise à atomiser Engie en deux. Comme le résume Cédric Liechti, secrétaire général de la CGT énergie Paris : « C’est le même scénario que pour EDF, on va céder ce qu’il y a de plus rentable au privé. Il y aura un groupe New Engie, avec ouverture du capital, et la deuxième entité, New Solutions. Les entreprises ne devront plus avoir de relations entre elles, ce qui posera des problèmes pour l’avenir. Idem pour le plan Hercule. S’il se passe une catastrophe comme à Nice, on ne pourra plus faire des interve ntions aussi vite. Le sort des usagers est aussi intimement lié. Les prix ont déjà augmenté de 80 % pour le gaz et de 35 % pour l’électricité ces dernières années. »

Quant aux arguments de transition énergétique avancés par le gouvernement pour faire avaler la pilule de ces projets de casse, ils ne passent pas. Ce greenwashing agace Malek Bouakkaz, secrétaire de la CGT énergie 93 : « Avant, il y avait un seul technicien EDF et GDF pour le gaz et l’électricité, maintenant, il y en a deux, ça rajoute des émissions de CO2  ! Nous avons des voitures électriques pour les agents. Mais elles ont une autonomie de 44 km, alors qu’on doit parfois en effectuer 70 dans la journée ! Pendant ce temps, sur l’impulsion de l’Union européenne, on privatise les barrages hydrauliques… » L’incertitude qui plane sur l’avenir d’Engie, avec l’OPA de Veolia sur Suez, son détenteur, ajoute encore des zones d’ombre. Pour Ryo, technicien GRDF (filiale d’Engie) : « Depuis que Sarkozy a séparé EDF de GDF alors qu’il avait promis le contraire, on n’a plus confiance en personne. » Alors qu’une délégation était reçue à Bercy, les énergéticiens attendent désormais des réponses rapides de la part de l’exécutif.

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