Que pèsent les centrales nucléaires dans la consommation totale d’eau en France ? Cette question simple semble ne plus avoir de réponse claire. A l’origine de la confusion, le ministère de la transition écologique a dépublié, autour du 10 mars, un document de synthèse portant sur la ressource et l’utilisation d’eau en France. Selon cette fiche, réalisée par le service statistique, le refroidissement des centrales électriques représentait la deuxième activité la plus consommatrice d’eau du pays (31 %), derrière l’agriculture (45 %) et devant l’eau potable (21 %) et les usages industriels (4 %). Le volume annuel d’eau consommé en France métropolitaine, sur la période 2008-2018, était estimé à 5,3 milliards de mètres cubes.
En plein examen du projet de loi d’accélération de la construction de nouveaux réacteurs, le chiffre de 31 % a été utilisé, par des opposants à l’atome, pour démontrer que cette source d’énergie n’était pas adaptée au dérèglement climatique. « Une fois pour toutes, disons-le, simplement et fermement : à ce rythme, il n’y aura bientôt plus assez d’eau dans nos fleuves pour refroidir les centrales nucléaires ! », a par exemple lancé le 7 mars Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, en s’appuyant sur cette donnée.
Trois jours plus tard, le ministère de la transition écologique expliquait au site de TF1 que ses chiffres, qui dataient d’une quinzaine d’années, « ne reflétaient pas la réalité des consommations », laissant entendre que la part attribuée au nucléaire était surestimée. Il explique désormais que les données sont en train d’être mises à jour et seront dévoilées dans le cadre du plan eau, dont la présentation a été reportée à plusieurs reprises. La Société française d’énergie nucléaire (SFEN), de son côté, affirme que le parc n’utilise que 5 % à 10 % de l’eau consommée dans le pays.
Assurer le refroidissement
Si le poids du nucléaire dans la consommation totale fait débat, les besoins en eau des 56 réacteurs du parc sont bien connus. Les 18 centrales, qui permettent au pays d’avoir l’un des systèmes électriques les plus décarbonés d’Europe, en utilisent pour assurer leur refroidissement, mais toutes n’en consomment pas la même quantité. Sur les 56 réacteurs, 26 – dont les 14 situés en bord de mer et 12 en bord de fleuve – fonctionnent en « cycle ouvert » : ils pompent des quantités importantes d’eau, mais celles-ci sont ensuite quasiment intégralement rejetées dans le milieu d’origine, à une température supérieure de 2 ou 3 °C. Les prélèvements sont donc importants, mais la consommation nette est proche de zéro.
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