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Nucléaire

Le défaut du réacteur chinois pourrait remettre en cause tous les EPR

L'EPR de Taishan, dans la province de Guangdong, en Chine, en 2019.

Un lanceur d’alerte révèle de nouvelles informations sur l’incident qui a conduit à l’arrêt du réacteur EPR de Taishan. De graves défauts sur le combustible pourraient se retrouver sur tous les EPR. L’Autorité de sûreté nucléaire est interpellée.

Le problème de sécurité qui a conduit à l’arrêt du réacteur chinois EPR de Taishan, en juillet dernier, pourrait révéler un défaut récurrent sur tous les EPR, dont celui en construction à Flamanville (Manche). C’est ce que laisse entendre la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). Dans une lettre adressée à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) le 27 novembre, et dont Reporterre a eu copie, la Criirad apporte de nouvelles informations sur l’incident. Elle les aurait obtenues par un « lanceur d’alerte qui travaille dans l’industrie nucléaire ».

L’arrêt du réacteur 1 de Taishan (la centrale en compte deux) est dû à des ruptures des gaines du combustible nucléaire plongé au cœur du réacteur. Selon l’informateur de la Criirad, ces dégradations « sont dues principalement à des vibrations anormales des assemblages de combustible nucléaire ». Ces vibrations seraient liées à « un défaut de conception de la cuve de la filière EPR ».

La Criirad rappelle que la cuve de l’EPR a été inspirée du projet de réacteur allemand Konvoi, sur lequel des défauts avaient à l’époque été identifiés. Dans les années 1990, l’EPR était en effet un projet franco-allemand, que Berlin a abandonné en cours de route, avec la perspective de sortie du nucléaire.

L’association demande donc à l’ASN de vérifier ces différents points, et de fournir une information publique à leur propos. Selon Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la Criirad, si l’incident de Taishan révélait un défaut générique des cuves de l’EPR, cela « pourrait hypothéquer le démarrage des réacteurs de Flamanville et Olkiluoto », en Finlande.

Des questions précises sont posées à l’ASN :

  • peut-elle confirmer si une trentaine d’assemblages et soixante-dix crayons de combustible sont concernés ?
  • les ressorts de maintien de ces crayons ont-ils cassé ?
  • certaines grilles ont-elles perdu des plaquettes côté réflecteur neutronique ?
  • est-elle informée des résultats des essais de Framatome, au Creusot en 2007-2008, sur l’hydraulique de la cuve de l’EPR ? Rappelons que cette usine a été le siège de nombreuses irrégularités dans les années 2000.
  • y a-t-il un rapport entre ce qui a été observé à Taishan et les vibrations observées sur l’EPR ?

L’ASN n’a pas encore répondu à cette lettre de la Criirad. Les questions posées suggèrent que le lancement de nouveaux EPR, que veut annoncer M. Macron les jours prochains, pourrait être problématique, tant que toutes les incertitudes sur leur sécurité ne seront pas levées.

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