POLITIQUE - Tout le monde vous le dira: les sondages ne sont pas une science exacte. Et surtout pas une prédiction des résultats des élections. Car souvenez-vous, il y a cinq ans, à la même époque, Alain Juppé devait devenir le nouveau président de la République. Et en ce même mois d’octobre 2016, François Hollande était encore un potentiel candidat à sa succession. Or c’est Emmanuel Macron qui a gagné, battant notamment Benoît Hamon, candidat du PS.
Pourtant aujourd’hui encore, les candidats, leurs équipes et la quasi-totalité des observateurs ont les regards tournés vers ces enquêtes d’opinion. Et particulièrement cette semaine. Alors que le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu dans exactement six mois, le dimanche 10 avril 2022, ces derniers jours ont en effet connu leur lot de petites secousses sondagières.
Tous les sondages de la présidentielle 2022 compilés
Elles sont visibles dans le graphique ci-dessous qui agrège, façon HuffPost, l’ensemble des sondages publiés depuis la fin du mois d’août. Nous publions à la sortie de chaque enquête une moyenne pondérée des cinq derniers sondages en donnant plus de poids à la plus récente. Objectif: justement, éviter les secousses et s’intéresser davantage aux dynamiques des candidats; positives, elles peuvent mettre sur orbite une personnalité, mais à l’inverse, il apparaît très difficile de les inverser quand elles sont négatives.
En cela, cette analyse initiale de notre agrégateur de sondages est tout de même riche d’enseignements. La première, et la plus spectaculaire, est bien évidemment la progression fulgurante d’Eric Zemmour. Testé depuis la fin du mois d’août, le polémiste d’extrême droite qui n’est toujours pas officiellement déclaré a vu son score doubler en six semaines. A six mois du premier tour, il est crédité de 13,9% des intentions de vote, soit désormais plus que Xavier Bertrand, candidat de la droite républicaine qui a le score le plus élevé (13,7%) mais qui ne parvient pas à percer.
La solidité de Macron, la dispersion à gauche
L’ascension de l’ancien journaliste du Figaro s’est faite, comme on peut le voir sur la courbe, au détriment de Marine Le Pen. Si une enquête a donné la candidate du Rassemblement national reléguée en troisième position, elle garde tout de même encore 2,5 points d’avance. Mais la pente est dangereuse pour la finaliste de 2017 qui a déjà perdu 5 points en six semaines, ce qui la positionne aujourd’hui 5 points en dessous de son score de premier tour en 2017 (qui était déjà inférieur aux intentions de vote qu’elle récoltait à l’automne 2016).
L’autre enseignement frappant est de voir la ligne jaune quasiment droite, correspondant au score d’Emmanuel Macron. Alors que ni Nicolas Sarkozy, ni François Hollande ne sont parvenus à se faire réélire à l’issue de leur quinquennat, l’actuel locataire de l’Elysée dispose d’un socle solide. Depuis l’été, il enregistre environ 24% des intentions de vote, ce qui correspond à son score du premier tour en 2017.
Dernier point central à six mois du premier tour: aucun candidat de gauche ne parvient à prendre l’ascendant pour s’imposer comme la force de rassemblement. Candidate depuis un mois, Anne Hidalgo n’a pas (encore?) connu d’inversion de sa courbe. Jean-Luc Mélenchon plafonne aux environs de 8%, alors qu’il était largement au-dessus des 10% il y a cinq ans. Reste Yannick Jadot dont on entrevoit une timide percée depuis sa victoire à la primaire écologiste. Mais encore trop juste pour faire croiser la courbe avec le candidat insoumis. Et surtout insuffisant pour devenir un rival sérieux pour la qualification au second tour.
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