Orano Melox injecte 84 millions d'euros dans le site de Marcoule pour augmenter la production de Mox
Spécialiste du combustible Mox, Orano Melox ajoute 84 millions d'euros sur la table d’ici 2025 pour améliorer la maintenance de l’usine et la formation des équipes du site de Marcoule à Chusclan (Gard) Objectif : augmenter la production de moins de 60 tonnes à 100, puis 120, tonnes annuelles.
Orano Melox veut augmenter fortement la production de combustible Mox (destiné aux réacteurs des centrales nucléaires) de son usine du site nucléaire de Marcoule à Chusclan dans le Gard, grâce à un investissement de 84 millions supplémentaires, répartis en maintenance et la formation. Un apport de 60 millions en quatre ans va doubler les dépenses de maintenance courantes (15 millions par an), et s’y ajoutent 6 millions injectés dans les machines et procédés.
Créée en 1995, l’usine accuse son quart de siècle : «Nous avons trop de pannes. L’an dernier, nous avons produit entre 50 et 60 tonnes alors que le carnet de commandes affiche 120 tonnes par an, explique Régis Faure, directeur adjoint de la communication de la business unit recyclage d'Orano et du site Orano Melox. Pour lancer l’usine sur un meilleur pied jusqu’en 2040, nous devons gagner en fiabilité, améliorer l’efficacité des réparations.»
L’objectif est de retrouver un niveau de production de 100 tonnes en 2025, étape vers les 120 tonnes et au-delà. Cet effort de maintenance va de pair avec la création de 60 postes, partagée par Orano Melox (800 salariés) et ses sous-traitants. Mais l’industriel éprouve des difficultés à recruter, même s’il collabore déjà avec les lycées Einstein et Sainte-Marie de Bagnols-sur-Cèze, ce dernier ayant même adapté son BTS Pilotage de procédés aux besoins d’Orano Melox. « Cela fait une dizaine d’alternants par an. Ça fonctionne, mais ce n’est pas suffisant. » Par ailleurs, des campagnes ciblées sur les réseaux sociaux pour attirer les candidats n’ont pas été très productives.
Une École des métiers sur le site
Pour améliorer la maintenance et les compétences des équipes, Orano Melox investit aussi 18 millions d'euros dans une « École des métiers ». Il s’agit de former sur site 200 à 250 salariés par an, en les entraînant à répéter les bons gestes sur plusieurs dizaines de maquettes physiques, dans un environnement non radioactif «en boîte à gants», ou numériques. «Nous avons démarré fin 2021 par la qualification des formateurs et des sessions tests, précise Régis Faure. On va utiliser un bâtiment existant et créer une extension de plus de 1000 m2. L’école des métiers sera pleinement opérationnelle en 2023-2024, elle a vocation à fonctionner dans un écosystème intégrant les lycées, l’université de Nîmes et l’école des Mines, l’UIMM... »
Approvisionnement chez Orano Malvési
Orano Melox produit le combustible Mox (mixed oxides) à partir d’un mélange d’uranium appauvri et de quelques pourcents de plutonium. Nouveauté : l’usine gardoise va s’approvisionner en dioxyde d’uranium (UO2) auprès d’une seconde entité d’Orano en Occitanie, le site de purification de l’uranium de Malvési à Narbonne (Aude). Évoqué par l’Usine Nouvelle en mars 2019, un nouvel atelier va valoriser l’UO2, sous-produit issu du process de production du tétrafluorure d’uranium (UF4) à Malvési. «Cet atelier représente un investissement de 70 millions d’euros, inclus dans le programme en cours de 300 millions, précise Cécile Lemierre, porte-parole d’Orano Malvési. C’est la reconnaissance de notre savoir-faire dans la chimie de l’uranium. » L’atelier, qui doit produire à terme 150 tonnes par an de poudre de dioxyde d’uranium, est en phase d’essais et ses opérations doivent démarrer « courant 2022 ».