C’est une première : en raison d’un débit d’eau insuffisant dans la Meuse, la centrale nucléaire de Chooz a été entièrement arrêtée lundi 24 août au soir – arrêt qui pourrait durer jusqu’à début septembre, selon les informations publiées sur son site Internet. Située dans les Ardennes, elle est composée de deux réacteurs récents, d’une puissance de 1 500 mégawatts, parmi les plus puissants de France. Ils ont été mis en service en 1996 et 1997.
La baisse du débit de la Meuse pourrait poser des difficultés de long terme au site. En effet, pour assurer le refroidissement des réacteurs, une centrale nucléaire fonctionne en pompant dans une source d’eau. Elle rejette ensuite cette eau, à une température légèrement plus élevée.
Si elle puise trop d’eau, elle peut perturber l’écosystème ou nuire à d’autres usages. C’est le cas à Chooz, où la centrale est implantée à proximité de la frontière belge et où un accord transfrontalier fixe les seuils de débit de la Meuse pour permettre aux utilisateurs belges (industriels, acteurs du tourisme, collectivités locales, etc.) d’avoir de l’eau en quantité suffisante.
Sur le plan technique, Chooz pourrait continuer à fonctionner sans mal, mais la réglementation l’en empêche tant que le débit de l’eau est trop bas. L’arrêt de la centrale ne devrait pas provoquer de perturbations, selon le Réseau de transport d’électricité (RTE). De fait, à cette période de l’année, la consommation d’électricité est bien en deçà de la capacité de production installée. Et la France est globalement exportatrice pendant l’été. Néanmoins, cette perte est non négligeable : les 3 000 mégawatts perdus représentent près de 10 % de la capacité de production nucléaire de cette fin de saison.
Vulnérabilité accrue à la hausse de la température des fleuves
Cet arrêt met en lumière les difficultés, pour les sites nucléaires, de faire face au changement climatique. Depuis plusieurs années, EDF est contraint, chaque été, d’arrêter quelques jours certaines centrales pour respecter les réglementations environnementales. En août, celle de Golfech (Tarn-et-Garonne) a ainsi dû interrompre son réacteur en activité pour éviter que la température de la Garonne dépasse les 28 degrés, limite maximale exigée par les autorités.
La production d’électricité à partir de centrales nucléaires est très peu émettrice de dioxyde de carbone et ne contribue pas au réchauffement de l’atmosphère. Cela explique que l’atome soit souvent présenté par l’industrie comme un atout pour l’Hexagone dans la lutte contre le changement climatique.
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