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Le nucléaire, sujet surprise et clivant de la campagne présidentielle

Avec l'augmentation des prix de l'énergie et l'urgence climatique, l'avenir du parc nucléaire français est devenu un thème central de la campagne électorale. A six mois du scrutin, les principaux candidats ont des positions très disparates.

Après avoir fermé Fessenheim au début de son mandat, Emmanuel Macron s'est posé en fervent défenseur du nucléaire ces derniers mois.
Après avoir fermé Fessenheim au début de son mandat, Emmanuel Macron s'est posé en fervent défenseur du nucléaire ces derniers mois. (Laurent Cipriani/POOL/AFP)

Par Alexandre Rousset

Publié le 25 oct. 2021 à 16:19Mis à jour le 25 oct. 2021 à 17:47

On en avait relativement peu parlé lors de la campagne électorale de 2017, mais cette année, le nucléaire est un sujet central du débat politique. Avec la hausse des prix de l'énergie et l'urgence à atteindre les objectifs de décarbonation du pays, tous les candidats avancent leurs propositions, très variées, sur ce sujet clivant, à moins de six mois de l'élection présidentielle .

Mais c'est aussi l'occasion pour eux de se démarquer d' Emmanuel Macron , qui s'est affiché ces derniers mois comme un fervent défenseur de l'atome. Après avoir annoncé un plan d'investissement pour le développement de mini-réacteurs SMR , il pourrait ainsi annoncer dans les semaines à venir la construction de six EPR supplémentaires après avoir pris connaissance ce lundi du très attendu rapport de RTE .

Indépendance énergétique

A droite, on fustige une volte-face du président, qui avait décidé trois ans auparavant de fermer la centrale de Fessenheim. Une fermeture qui avait été vivement critiquée par le parti Les Républicains, ouvertement pro- nucléaire. Le candidat à la présidentielle Xavier Bertrand promet ainsi de ne jamais descendre jusqu'à la barre des 50 % de nucléaire dans le mix énergétique français. Tout comme ses concurrents Valérie Pécresse et Michel Barnier , il prône la construction de nouvelles centrales et le prolongement de la durée de vie des réacteurs existants.

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Les Républicains estiment ainsi que l'énergie nucléaire permet à la France de conserver une certaine souveraineté et de ne pas dépendre du gaz russe . A leurs yeux, les technologies du renouvelable, éoliennes en tête, sont encore trop peu efficaces pour permettre au pays de renoncer au nucléaire.

A l'extrême droite aussi, l'atome est vu comme indispensable. « La consolidation de l'industrie nucléaire française est une priorité nationale absolue », estime ainsi Marine Le Pen , pour qui ces réacteurs garantissent l'indépendance énergétique française. Idem chez le polémiste d'extrême droite et candidat putatif Eric Zemmour , qui affirme que renoncer à l'énergie atomique provoquerait un affaiblissement majeur de la France.

La gauche divisée

Sur la gauche de l'échiquier politique aussi, on n'hésite pas à critiquer la stratégie énergétique d'Emmanuel Macron, mais cette fois-ci en lui reprochant son manque d'ambition pour tourner la page du nucléaire. Deux exceptions toutefois : Fabien Roussel , candidat du Parti communiste, une formation historiquement attachée à l'atome, mais aussi Arnaud Montebourg , ancien ministre socialiste et chantre de la réindustrialisation. S'il assure « ne pas être un fanatique du nucléaire », il affirme qu'il s'agit d'une « filière d'avenir », incontournable pour que la France atteigne ses objectifs de décarbonation.

En revanche, Jean-Luc Mélenchon , pour l'instant le candidat de gauche le mieux placé dans les sondages, a fait de la sortie du nucléaire un axe majeur de sa campagne . Le leader des Insoumis alerte sur le danger que représentent, selon lui, les centrales et les conséquences qu'aurait un Fukushima ou un Tchernobyl en France. En « mettant le paquet » sur le renouvelable, il estime que le pays peut totalement sortir du nucléaire en cinq ans.

Quel délai ?

De son côté, le candidat des écologistes, Yannick Jadot , souvent considéré comme faisant partie de l'aile « pragmatique » de sa famille politique, vise une sortie du nucléaire en vingt ans. Comme Jean-Luc Mélenchon, il propose d'investir dans le renouvelable, mais aussi dans l'isolation des bâtiments. En réponse à certains écologistes qui trouvent ce délai trop long, il répond que c'est un calendrier « responsable », où la sécurité doit être prioritaire. « S'il faut mettre cinq ans de plus, on mettra cinq ans de plus », dit-il.

Enfin, la candidate du Parti socialiste, Anne Hidalgo , qui cherche à occuper le pré carré écologiste de Yannick Jadot, estime qu'il faut « sortir du nucléaire aussi vite que l'on va faire monter les énergies renouvelables ». En revanche, elle considère les délais proposés par ses concurrents de gauche comme « impossibles » à tenir. Selon elle, fixer une date précise pour un processus si long et complexe n'aurait pas de sens.

Suivez tous les mois, avec le baromètre réalisé par Elabe pour « Les Echos » et Radio classique, l'évolution de la cote de confiance d'Emmanuel Macron et de Jean Castex et le classement de popularité des personnalités politiques.

Ici tous les résultats du baromètre politique Elabe pour « Les Echos »

Alexandre Rousset

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