« Si l’entreposage des combustibles usés d’EDF sur le site de la Hague est le bon compromis, tant en termes de transport que de sûreté, rien ne justifie une nouvelle installation nucléaire de base, propriété d’EDF, sur le site d’Orano.
Si piscine il doit y avoir, elle doit être implantée, exploitée et propriété d’Orano, mais financée par EDF. »
Bénéficier de l’expérience d’Orano
L’union départementale CGT de la Manche insiste même pour que le projet soit accompagné d’un nouveau contrat de traitement-recyclage entre EDF et Orano, « comme l’exige la loi Bataille de juin 2006 ».
Elle avance aussi la soixantaine d’années d’expérience d’Orano en la matière, un tissu industriel qualifié.
Le site Orano reçoit chaque année 1 200 tonnes de combustibles usés, correspondant aux volumes déchargés des centrales d'EDF. Le volume sera identique demain. Le site dispose déjà d'un accès sécurisé et adapté aux transports. Alors pourquoi créer des nuisances supplémentaires ?
Vers le multi-recyclage
Mais pour la CGT, la réflexion doit aller plus loin. L’enjeu, très concrètement, c’est le multi-recyclage des combustibles Mox, ceux qu’EDF prévoit d’entreposer dans cette nouvelle piscine.
On nous parle de six nouveaux réacteurs EPR. Mais en restant sur le mono-recyclage, le volume des déchets va tripler. Or, les piscines de désactivation d'EDF sont presque saturées, et celles d'Orano vont l'être dans quelques années.
La CGT en convient aussi, « les gens ne veulent pas d’un stockage déguisé. Si on ne veut pas leur mentir, c’est un programme complet intéressant l’ensemble de la filière qui doit être proposé, insiste-t-elle. C’est le lancement d’un programme de recherche pour le recyclage des combustibles Mox et Ure, la relance du projet Astrid, qui devait permettre de brûler le plutonium, mais arrêté par le CEA faute de crédits, la modernisation ou le renouvellement de l’outil de la Hague aussi, des choix clairs pour le stockage des déchets ultimes… »
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Pour un pôle public de l’énergie
Avec cette expression, l’union départementale CGT n’entend pas s’inscrire en réaction aux différents avis qui se sont exprimés lors de la concertation publique sur le projet de piscine. Elle le rappelle volontiers, la CGT est favorable au mix énergétique.
Chaque source d'énergie a ses avantages et ses inconvénients. S'il y avait une solution idéale, nous serions les premiers à la plébisciter.
Dans la balance, l’union note l’absence de filière de démantèlement pour les énergies renouvelables, « l’embryon industriel » sur l’éolien en mer, l’absence de fabricant français pour le solaire.
Un débat, estime-t-elle, qui doit s’inscrire dans la présidentielle, à l’heure où plusieurs candidats ont pris position pour la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. « Nous, nous sommes pour un pôle public de l’énergie », insiste la secrétaire départementale Nathalie Bazire.