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Les syndicats d’EDF appellent Emmanuel Macron à renoncer au projet Hercule

EDF bondit en Bourse vendredi

EDF bondit en Bourse vendredi - AFP

Les organisations syndicales de l'entreprise estiment que le projet aboutira à son démantèlement sans régler ses difficultés structurelles.

Après plusieurs mobilisations ces derniers mois, les organisations syndicales d’EDF ont adressé une lettre à Emmanuel Macron pour lui demander de renoncer au projet de réorganisation baptisé Hercule qui prévoit de scinder les activités de l’entreprise en trois entités, rapporte Reuters.

Selon elles, il aboutirait à un démantèlement et à une privatisation partielle du groupe sans pour autant régler ses difficultés structurelles. Car le projet prévoit notamment de séparer le parc nucléaire existant d’EDF ("EDF bleu") de ses activités liées aux énergies renouvelables ("EDF vert") -lesquelles feraient par ailleurs l’objet d’une ouverture de capital- et de tous les barrages ("EDF Azur")

Dans le même temps, la mise en œuvre du projet Hercule s’accompagnerait d’une réforme de la régulation du parc nucléaire existant. En effet, EDF souhaite modifier le mécanisme d’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh) qui le contraint actuellement à vendre à prix fixe et bas sa production nucléaire à ses concurrents. Le groupe milite à la place pour un prix de revente de son électricité qui soit variable et qui permettrait de financer les coûteux investissement de la filière nucléaire. Ce qui pourrait être vu par la Commission européenne comme une possible atteinte à la concurrence sur la vente d’électricité, d’où la volonté d’EDF de scinder ses activités.

Un projet qui "ne répond en rien aux exigences" de l'époque

Bien qu’elles disent "partager la volonté de donner à EDF les moyens d’investir dans le modèle français de transition énergétique", les organisations CFDT, CFE-CGC, CGT et FO estiment dans la lettre adressé au chef de l’Etat que "le projet Hercule actuellement à l’étude ne répond en rien aux exigences de notre époque et à l’avenir de nouvelles générations".

"Ce projet ne règle pas la question de la faiblesse endémique des fonds propres d'EDF depuis sa transformation en 2004 d'EPIC en SA alors même qu'EDF va devoir investir dans la décennie qui vient près de 100 milliards d'euros dans le système électrique français", jugent-ils, en référence aux statuts d'établissement public à caractère industriel et commercial et de société anonyme.

En outre, "(Hercule) ne répond pas à la question des moteurs de l'endettement de l'entreprise et du portage de la dette, ni à la sous-rémunération chronique dont souffre l'entreprise depuis la mise en place de l'Arenh", ajoutent les syndicats, regrettant par ailleurs que le projet n'aborde pas la question du financement du renouvellement du parc nucléaire français.

Donner à EDF "les moyens d'investir"

Alors qu’un nouvel appel à la grève a été lancé pour la journée du 19 janvier, les syndicats demandent à Emmanuel Macron de "renoncer à ce projet, d’ouvrir un véritable débat pour bâtir ensemble l’avenir de l’électricien national EDF, opérateur de la Nation, et de véritablement lui donner les moyens d’investir".

Enfin, les représentants des organisations syndicales rappellent que le projet Hercule a été "conçu avant la crise sanitaire sur des fondamentaux strictement financiers et de concurrence mercantile" et réclament la création d’un service d’intérêt économique général (SIEG) européen "qui tienne compte de l’ensemble des services apportés par le parc nucléaire français".

P.L.