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« Hourra pour la France ! Depuis ce matin, elle est plus forte et plus fière », s’exclame le général de Gaulle le 13 février 1960. A 7 h 04 très exactement, un intense éclair de lumière a zébré le ciel du Sahara : la France a fait exploser sa première bombe atomique dans le désert algérien, au moins trois à quatre fois plus puissante que celle de Hiroshima en 1945. Avec l’essai « Gerboise bleue », Paris vient d’entrer dans le club très fermé des puissances nucléaires, rejoignant les Etats-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni.
Pas moins de seize explosions atmosphériques et souterraines vont suivre dans la région de Reggane et dans les cavités du massif du Hoggar, à In-Ekker, jusqu’en février 1966. L’indépendance de l’Algérie n’y change rien : une clause des accords d’Evian, signés en mars 1962 entre les autorités françaises et le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), autorise Paris à poursuivre ses activités. Aucune obligation de suivi sanitaire des populations locales et de décontamination de l’environnement n’est alors négociée.
Quel a été l’impact de ses essais à répétition sur les populations et leur environnement ? Alors que Paris et Alger essaient de démêler leurs contentieux mémoriels, la question est à nouveau posée dans un rapport publié samedi 29 août par la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN). Intitulé « Sous le sable, la radioactivité ! » et rédigé par deux experts français, Patrice Bouveret et Jean-Marie Collin, l’étude dresse un inventaire des déchets abandonnés et appelle la France à sortir de l’inaction.
« Enormes trous »
Au regard du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), les pays concernés sont en effet obligés de « fournir une assistance aux victimes de l’utilisation ou de la mise à l’essai d’armes nucléaires ou d’œuvrer à l’assainissement de l’environnement dans les zones contaminées ». La France, comme les autres puissances nucléaires, s’est refusée à ratifier ce texte adopté par l’ONU en 2017. « Mais cela l’empêche-t-elle d’apporter une assistance humanitaire et technique à l’Algérie ? », s’interroge l’ICAN.
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