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« Le nucléaire français est victime de ses propres défaillances et de l’Etat »

Les déboires de la filière profitent à ses principaux concurrents, le russe Rosatom et les chinois CNNC et CGN. Les dirigeants de l’Agence internationale de l’énergie et d’EDF appellent l’Etat à se resaisir, souligne Jean-Michel Bezat, journaliste économique au « Monde ».

Publié le 14 février 2020 à 10h42 Temps de Lecture 2 min.

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Pertes & profits. Fatih Birol et Jean-Bernard Lévy, même combat : celui du nucléaire. Le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) partage avec le PDG d’EDF la conviction qu’il est impossible de parvenir à la neutralité carbone en 2050 sans l’atome, qui assure en France 75 % de la production d’électricité (mais 10 % seulement dans le monde). M. Birol l’a redit récemment en annonçant que les émissions de CO2 du secteur énergétique se sont stabilisées en 2019, et que « nous avons les technologies nécessaires » pour amorcer la décrue.

M. Lévy le confirme, vendredi 14 février, dans un entretien au Figaro. « Sans nucléaire, il n’y a aucune chance raisonnable d’arriver à la neutralité carbone », souligne-t-il. Ce n’est pas cette activité – cœur de métier d’EDF – qui est responsable des bons résultats 2019, présentés le même jour, puisque la production nucléaire a reculé. La multiplication par plus de quatre du résultat net part du groupe (5,2 milliards d’euros) est due à des prix de l’électricité plus élevés et à la bonne tenue des marchés financiers, où ses actifs destinés à couvrir le coût du démantèlement nucléaire ont été bien valorisés.

Un actionnaire imprévisible

L’activité nucléaire est, elle, convalescente, marquée par les déboires dans la maintenance des 58 réacteurs français et la construction du ruineux EPR de Flamanville (Manche). La perte de l’excellence industrielle longtemps reconnue à EDF a conduit M. Lévy à lancer, fin 2019, un plan baptisé « Excell ». Et à nommer au comité exécutif une pointure venue de PSA, Alain Tranzer, qui devra le mettre en œuvre au poste créé de délégué général à la qualité industrielle et aux compétences.

Lire l’enquête : Article réservé à nos abonnés Les doutes et les fragilités du secteur nucléaire français

L’industrie nucléaire française n’est pas seulement victime de ses propres défaillances, mais aussi de l’Etat, un actionnaire (83,7 % d’EDF) imprévisible. Passe pour la décision – antiéconomique – de fermer les réacteurs de Fessenheim (Haut-Rhin) d’ici à juin, « deux unités qui fonctionnent bien », assure M. Lévy. L’inquiétude de la filière EDF-Framatome-Orano porte davantage sur la construction de nouveaux EPR, qui n’interviendra sans doute pas au cours du quinquennat d’Emmanuel Macron. EDF accumule du retard sur ses principaux concurrents, le russe Rosatom et les chinois CNNC et CGN.

Son patron le dit sans ambages au gouvernement : « Attendre la fin du chantier de Flamanville [en 2022 au plus tôt], c’est prendre le risque que, dans quelques années, les filières nucléaires soient le monopole de la Russie et de la Chine. » M. Birol, qui dirige une agence chargée de défendre les intérêts des pays de l’OCDE, prévient que, sans réveil occidental, « la Chine sera la première puissance nucléaire dans cinq ans ». En Europe, la France ne peut compter que sur elle-même, des pays de poids comme l’Allemagne refusant que le nucléaire soit considéré comme une énergie verte éligible aux subventions de Bruxelles.

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