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Guerre en Ukraine : l'Europe divisée sur l'accueil à réserver aux déserteurs russes

Quel traitement faut-il réserver aux Russes qui cherchent à fuir la mobilisation partielle annoncée mercredi par Vladimir Poutine ? Les Baltes veulent leur fermer la porte, Berlin la leur ouvrir. Réunion de crise des Vingt-Sept ce lundi.

A Lappeenranta, à la frontière finlandaise avec la Russie. La Finlande a fait part d'une hausse du trafic depuis la déclaration de mobilisation partielle de Vladimir Poutine.
A Lappeenranta, à la frontière finlandaise avec la Russie. La Finlande a fait part d'une hausse du trafic depuis la déclaration de mobilisation partielle de Vladimir Poutine. (LAURI HEINO / LEHTIKUVA / AFP)

Par Karl De Meyer

Publié le 23 sept. 2022 à 19:49Mis à jour le 25 sept. 2022 à 14:37

Après l'annonce par Vladimir Poutine d'une mobilisation partielle pour relancer l'offensive en Ukraine, une nouvelle question se pose à l'Union européenne et divise ses membres : faut-il accueillir les Russes qui cherchent à échapper à leur armée ? Si l'Allemagne se dit prête à les accueillir, les pays Baltes sont très hostiles à cette idée et soulignent les risques de sécurité que poserait une arrivée massive de Russes sur le territoire de l'UE.

A Bruxelles, la Commission européenne « suit très attentivement la situation » et mène des consultations avec les Etats membres. « C'est une question délicate », a reconnu son porte-parole. Vendredi, la présidence tchèque a convoqué pour lundi à Bruxelles une réunion d'urgence des ambassadeurs des Vingt-Sept, qui travaillent en parallèle sur un nouveau train de sanctions contre Moscou.

Evaluation difficile

La présidence a précisé que « les délibérations se fonderont sur une évaluation de la situation telle qu'elle se présentera et incluront tout nouveau développement ». Une façon de dire que la situation n'est pas très claire. La Commission n'a pas donné de chiffre sur l'ampleur des arrivées de Russes dans l'UE. Une source interne précise qu'il y a eu « des fake news sur des files de voitures de dizaines de kilomètres aux frontières baltes, c'était très exagéré ».

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A la frontière finlandaise, le nombre d'entrées de citoyens russes a certes doublé depuis l'annonce de la mobilisation (6.470 jeudi contre 3.100 en début de semaine) mais reste à un niveau limité, selon les gardes-frontières.

Sans précédent

La gestion des frontières nationales est une compétence des Etats membres, mais le droit européen garantit un accès au droit d'asile. L'obtention d'une protection n'est pas automatique, toutefois, et fait l'objet d'un examen au cas par cas. La Commission, soulignant que la situation est « sans précédent », souligne que les risques en matière de sécurité sont sérieux.

Les pays frontaliers de la Russie sont particulièrement sensibles au sujet. Les Etats baltes et la Pologne avaient déjà pris des mesures pour restreindre l'entrée des citoyens russes sur leur sol, et la Finlande a annoncé vendredi qu'elle allait faire de même.

« Beaucoup de Russes qui sont en train de fuir la Russie à cause de la mobilisation étaient d'accord avec le fait de tuer des Ukrainiens […] il ne faut pas les considérer comme des objecteurs de conscience », a par ailleurs dénoncé jeudi le ministre letton des Affaires étrangères, Edgars Rinkēvičs, sur Twitter.

Le ministre lituanien de la Défense, Arvydas Anušauskas, a estimé que « la conscription n'était pas un motif suffisant » pour avoir l'asile politique. « S'il y avait en même temps des actes de persécution, nous l'envisagerions », a-t-il concédé.

L'Estonie refuse aussi d'« offrir une protection aux déserteurs, ce serait fondamentalement contradictoire avec le but de nos sanctions jusqu'à présent, qui [visent] la responsabilité collective des citoyens russes », selon le ministre de l'Intérieur, Lauri Läänemets.

Ouverture allemande

L'Allemagne, qui déjà s'était distinguée dans la crise migratoire de 2015 , s'est à l'inverse dite prête à les accueillir : « Celui qui s'oppose courageusement à Poutine et se met ainsi en grand danger peut demander l'asile politique », a déclaré la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, dans un entretien à la « Frankfurter Allgemeine Zeitung ».

Il y a déjà eu fin août une différence d'approche entre les pays de la frange orientale de l'Union et les Etats membres de l'Ouest au sujet des visas touristiques accordés aux Russes. Les premiers souhaitaient les refuser systématiquement. Les seconds souhaitaient laisser une porte ouverte aux opposants, dissidents, journalistes et universitaires désireux de fuir le régime poutinien. Il a finalement été décidé de suspendre un accord de 2007 qui facilitait grandement l'octroi de ces visas.

Karl De Meyer (Bureau de Bruxelles)

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