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Le défi de la sobriété pour répondre à l’urgence climatique

Par , et
Publié le 30 mai 2022 à 05h18, modifié le 10 juin 2022 à 12h22

Temps de Lecture 11 min.

Ce 10 février, le chef de l’Etat n’est pas encore officiellement candidat à sa propre succession. A deux mois du premier tour de la présidentielle, il est venu présenter, à Belfort, sa vision de l’avenir énergétique de la France. Au fil de ce discours, il fera des annonces majeures sur la relance de la filière nucléaire ou sur les objectifs de développement des énergies renouvelables. Mais le tout premier chantier ne concerne ni l’atome ni les éoliennes : il s’agit d’abord, déclare-t-il, de « gagner en sobriété », pour « baisser de 40 % nos consommations d’énergie » d’ici à 2050. Le mot est lâché : « sobriété ». Il sera dorénavant présenté comme l’un des piliers du programme énergétique du président.

En reprenant le mot à son compte, Emmanuel Macron envoie un signal à un électorat de gauche et aux écologistes. Mais, plus largement, cet emprunt révèle la façon dont cette notion ancienne a fini par s’imposer dans le débat public. De la « sobriété heureuse » de Pierre Rabhi (1938-2021) à la première encyclique papale sur l’écologie, en 2015, des travaux de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à ceux des climatologues du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la sobriété semble de plus en plus incontournable, tout en restant éminemment clivante. Synonyme, pour les uns, de levier puissant et enthousiasmant pour inventer un modèle plus respectueux de l’environnement, elle fait figure de repoussoir absolu pour les autres, qui craignent la fin du progrès et de la croissance. Souhaitée ou redoutée, elle interroge, en tout cas, les fondements et l’organisation mêmes de notre société.

Ce questionnement n’est pas neuf. Dès le XIXe siècle, la révolution industrielle et l’essor du capitalisme donnent une dimension politique au concept. « Dans les années 1970, après la publication du rapport du Club de Rome [association internationale de réflexion sur les problématiques de développement durable] est apparue l’idée que notre croissance exponentielle et notre désir de richesse insatiable pourraient conduire à notre perte », rappelle le cercle de réflexion La Fabrique écologique. Diffusée en France par le penseur André Gorz (1923-2007), cette idée se retrouve d’abord dans la notion de « décroissance », à la fois pour l’écologie et contre le capitalisme. Mais, petit à petit, le terme de « sobriété », moins connoté politiquement, gagne du terrain.

S’il n’en existe pas de définition précise et partagée, celle-ci implique une modération dans la production et la consommation de biens et de services et l’abandon de pratiques ou d’usages excessifs ou superflus. « Ce terme peut prêter à confusion, remarque Eloi Laurent, chercheur à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Il suggère que nous avons bien vécu et qu’il faudrait maintenant vivre de façon réduite. Or, il s’agit du contraire : nous devons apprendre à vivre mieux, pas à vivre moins. Apprendre à vivre avec la biosphère, pas contre elle. »

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