La sortie complète du nucléaire, en 2025, est « la solution qui créera la moins de souci » : c’est avec un réalisme qui semblait ne pas exclure une bonne part d’incertitude que l’entourage de la ministre de l’énergie, Tinne Van der Straeten, commentait, vendredi 3 décembre, les conclusions du rapport qu’elle présentait à ses collègues en vue d’un verdict final sur un dossier vieux de vingt-deux ans.
Ce document devait servir de base à une décision sur la fermeture du parc belge. Des divergences au sein de la coalition dirigée par le libéral flamand Alexander De Croo ont toutefois entraîné le renvoi du problème à plus tard. « On décidera avant la fin de l’année », promet un représentant de l’un des sept partis qui composent la majorité.
Quelle sécurité d’approvisionnement, quelles conséquences sur des tarifs déjà parmi les plus élevés d’Europe, quelle alternative, quel effet sur les émissions de CO2, etc. ? Mme Van der Straeten, une écologiste flamande, tiraillée entre sa volonté de concrétiser enfin les promesses de son parti et l’obligation de convaincre l’ensemble de ses partenaires, devait répondre aux interrogations et aux critiques.
Difficultés d’approvisionnement
La principale d’entre elles portant sur le fait qu’en renonçant à toute prolongation, la Belgique va investir dans des centrales à gaz plus polluantes et, dans l’intervalle, accroître sa dépendance au gaz acheté à l’étranger, notamment en Russie. Deux arguments balayés : la Belgique serait en mesure, sans effort supplémentaire, d’atteindre ses objectifs européens d’émissions, et le risque lié à la Russie serait faible, puisque le gaz provenant de ce pays ne représente que 5 % à 6 % du volume global importé.
A propos de la sécurité d’approvisionnement, le rapport estime qu’elle est garantie, compte tenu des projets d’investissement dans diverses sources énergétiques nouvelles. Le royaume entend notamment devenir un leader dans le domaine de l’éolien et de l’hydrogène.
En revanche, soulignent les experts, c’est une prolongation de certains de sept réacteurs qui causerait des difficultés d’approvisionnement, puisqu’elle menacerait des projets d’investissement, dans le domaine du gaz, entre autres, et donc, à terme, la rentabilité des nouvelles installations.
Une incertitude de taille persiste toutefois : l’un des principaux projets de centrales au gaz, à construire dans la banlieue flamande de Bruxelles, se heurte actuellement au veto du gouvernement régional de Flandre. Dirigé par les nationalistes de l’Alliance néoflamande, hostiles à la sortie du nucléaire, il refuse le permis de bâtir à cette installation, élément majeur des projets du gouvernement fédéral.
Il vous reste 48.97% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.